L’Église célèbre en ce 17 novembre, 33ème dimanche du Temps ordinaire, la Journée mondiale des pauvres. « La prière du pauvre s'élève jusqu'à Dieu » (Siracide 21,5), est le thème choisi pour cette 8ème édition, en cette année consacrée à la prière, en préparation du Jubilé de 2025. Cette journée a été initiée par le Pape François en 2017, qui estime que « de notre foi au Christ qui s’est fait pauvre, et toujours proche des pauvres et des exclus, découle la préoccupation pour le développement intégral des plus abandonnés de la société ».
Dans la basilique Saint-Pierre, le Saint-Père a présidé la célébration eucharistique à cette occasion, s’arrêtant dans son homélie sur deux réalités : l’angoisse et l’espérance, « qui se défient toujours en duel sur le terrain de notre cœur ».
Tout d’abord l’angoisse. « C’est un sentiment répandu à notre époque où la communication sociale amplifie les problèmes et les blessures, rendant le monde moins sûr et l’avenir plus incertain », a dit le Pape. La faim et la disette oppriment tant de personnes, « nous voyons les horreurs de la guerre » et des innocents perdre la vie. Et face à une telle situation, a-t-il mis en garde, « nous courons le risque de sombrer dans le découragement et de ne pas nous rendre compte de la présence de Dieu au cœur du drame de l’histoire ». Devant l’injustice que provoque la souffrance des pauvres, le Souverain pontife a déploré « la résignation habituelle de ceux qui, par confort ou par paresse, pensent que “ainsi va le monde” ».
« Alors la foi chrétienne elle-même se réduit à une dévotion inoffensive, qui ne dérange pas les puissances de ce monde et ne génère pas d’engagement concret dans la charité », a lancé François. Dans ce tableau apocalyptique, l’évêque de Rome y a mentionné le fait que, « pendant qu’une partie du monde est condamnée à vivre dans les bas-fonds de l’histoire, que les inégalités s’accroissent et que l’économie pénalise les plus faibles, tandis que la société se consacre à l’idolâtrie de l’argent et de la consommation, souvent les pauvres et les exclus ne peuvent rien faire d’autre que de continuer à attendre » (cf. Evangelii Gaudium, n. 54).
Mais au cœur de toutes ces situations pénibles et tristes, a noté le Saint-Père, Jésus ranime l’espérance. « Il ouvre grand l’horizon, élargit notre regard pour que nous apprenions à saisir, même dans la précarité et la souffrance du monde, la présence de l’amour de Dieu qui se fait proche, ne nous abandonne pas, agit pour notre salut. En effet, au moment même où le soleil s’obscurcit, où la lune cesse de briller et où les étoiles tombent du ciel, comme le dit l’Évangile, “on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire” ; et “Il rassemblera ses élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel” (vv. 26-27) ».
Pour François, il revient aux chrétiens en communion avec l’Esprit Saint de semer cette espérance dans le monde, d’allumer des lumières de justice et de solidarité tandis que s’épaississent les ombres d’un monde fermé. « C’est notre vie imprégnée de compassion et de charité qui doit devenir un signe de la présence du Seigneur, toujours proche de la souffrance des pauvres, pour apaiser leurs blessures et changer leur sort », a souligné le Pape. Il a invité à ne pas oublier que « l’espérance chrétienne qui s’est accomplie en Jésus et se réalise dans son Royaume a besoin de nous et de notre engagement, d’une foi active dans la charité, de chrétiens qui ne se détournent pas ». Il est possible d’améliorer « la réalité qui nous entoure » par l’attention et le soin pour l’environnement dans lequel l’on vit, par la recherche tenace de justice, par « le partage de nos biens avec les plus pauvres, par notre engagement social et politique ».
En cette 8ème Journée mondiale des pauvres, au terme de son homélie, le Pape François a rappelé une invitation du cardinal Martini : « Il dit que nous devons veiller à ne pas penser qu’il y a d’abord l’Église, solide en elle-même, et ensuite les pauvres dont nous choisissons de nous occuper ». En réalité, « on devient Église de Jésus dans la mesure où nous servons les pauvres, car ce n’est qu’ainsi que l’Église “devient” elle-même, c’est-à-dire une maison ouverte à tous, un lieu de la compassion de Dieu pour la vie de chaque homme ».
« Je le dis à l’Église, je le dis aux gouvernements des États et aux Organisations internationales, je le dis à chacun et à tous : s’il vous plaît, n’oublions pas les pauvres », a conclu le Pape.
Myriam Sandouno
Source : Vatican News