C’est moi qui remercier ANS, notre Agence d’Information, d’abord pour le service quotidien aux confrères et au monde, et parce que vous me donnez l’occasion de faire le point sur l’animation de la Région Afrique et Madagascar en ce premier trimestre de l’année pastorale 2020-2021. Je dois dire que l’essentiel de la coordination, dans notre Région, c’est en quelque sorte une montée vers la rencontre de la CIVAM (Conférence des Supérieurs des Provinces et Vice-provinces d’Afrique et Madagascar). En amont, il y a toute la vie des Provinces et délégations, des Conseils provinciaux, des œuvres, des communautés éducatives et des destinataires eux-mêmes.
Alors malgré le confinement, vous avez pu tenir votre rencontre ?
Oui. Nous avons honoré une fois de plus le rendez-vous de la CIVAM, malgré les contraintes et restrictions que le covid-19 impose au monde et donc aussi à l’Afrique. C’était du 03 au 05 novembre, donc quelques jours après la session intermédiaire du Conseil général. Nous avons commencé par une action de grâce pour le service rendu par trois confrères : le Père Américo, l’ancien Régional, et deux provinciaux qui viennent de passer le témoin à leurs successeurs : le Père Charles Armand à Madagascar et le Père Victor en Angola. C’était aussi l’occasion de souhaiter la bienvenue aux nouveaux provinciaux : le Père Roland Mintsa (ATE), le Père Innocent Bizimana (MDG) et le Père Martín Lasarte (ANG). Nous avons tenu la rencontre en ligne – via Zoom – ce qui a déterminé radicalement la préparation, l’expérience et le résultat de la rencontre de trois jours, en 6 sessions de 90 minutes chacune).
Tous les provinciaux ont-ils pu prendre part à cette rencontre online ?
Les provinciaux étaient tous au rendez-vous : 4 provinciaux, 9 supérieurs et 3 délégués. Le 4e délégué absent était celui de l’Erythrée, dont la situation ne facilite ni la connexion internet, ni les déplacements.
Aviez-vous des thèmes particuliers à aborder ? Par exemple des thèmes liés au CG28, puisque nous sommes encore dans la période postcapitulaire ?
Oui, la rencontre de la Conférence des Provinces met toujours l’accent sur quelques tâches bien précises. À plus forte raison cette rencontre qui inaugurait le nouveau sexennat du Recteur majeur, avec des lignes prioritaires qu’il nous a récemment indiquées. En termes simples, nous avions un triple défi à relever pendant ces premiers mois, même si je reviendrai probablement sur d’autres thèmes libres. Nous devions parvenir à une révision des statuts de notre Conférence, faire le point sur les ressources humaines au service de la Région, et la programmation dans chaque secteur, autrement dit, à la lumière du CG28 et des priorités du Recteur majeur, définir nos objectifs et des lignes d’action.
Tu parles des ressources humaines. Qu’est-ce à dire concrètement ? créer un secrétariat, un siège de la Conférence CIVAM, un comité central de coordination ?
Je vous remercie pour cette question, car les Provinciaux, certainement à l’écoute des confrères, l’on soulevée. Les trois jours de réflexion ont permis aux Provinciaux et à toute l’assemblée de prendre une position que je trouve sage et intéressante. La Conférence des circonscriptions d’Afrique et Madagascar vient à peine d’atteindre l’âge de la majorité. Elle continue donc de se consolider, d’où la révision des statuts pour mieux se définir dans son identité et dans ses fonctions. Mais en même temps que nous avons pris au sérieux un projet, comme vous avez dit, d’un comité de coordination de la CIVAM - à partir d’une étude faite par des jeunes confrères étudiants et professeurs actuellement à Rome - nous avons aussi mis en relief ce qui existe déjà comme organisation et structure. En l’occurrence, nous avons déjà des Commissions de coordination selon les secteurs de la Formation, de la Pastorale des jeunes de la Communication sociale, et – au moins sur papier, une coordination de l’enseignement technique et professionnel. Par ailleurs, DBTA nous aide à promouvoir et coordonner l’enseignement technique et professionnel, tandis que le Centre régional de formation permanente assure de mieux en mieux ce que son nom stipule, pour le plus grand bien de nos provinces.
Vous venez de citer la Communication sociale, la Formation, et la Pastorale des jeunes. Est-ce là les seuls secteurs que vous coordonnez en tant que Région ?
Belle question ! Puisque vous me ramenez à la question des Commissions, je voudrais d’abord préciser qu’elles fonctionnent, généralement à la lumière d’un règlement intérieur approuvé par la Présidence de la CIVAM. Chacune est en fait une coordination des commissions sectorielles provinciales, à la tête de laquelle les Provinciaux nomment un coordinateur régional. Maintenant, pour vous répondre, justement les provinciaux ont décidé de créer le mois dernier d’autres coordinations, au moins en désignant d’abord un provincial chargé de ces domaines, en attendant d’avoir une commission régionale proprement dite : le secteur de la Famille salésienne, confié au Père Krzysztof Rychcik (Provincial ZMB) et l’Animation missionnaire, confiée bien évidemment au Père Martín Lasarte (ANG) à la lumière de son expérience.
Il semble que votre Région assure la coordination des Commissions d’une manière particulière. Pouvez-vous nous expliquer cela davantage, surtout au regard de la pratique des autres Régions ?
Dans d’autres Régions de la Congrégation, la présence des provinciaux « accompagnateurs » aux cotés des Commissions n’est pas prévue. Cette option de supervision est une option qui a été faite par la Région, conformément aux statuts de la CIVAM. Cela n’empêche évidemment pas que le Coordinateur – généralement délégué de ce domaine dans sa province - soit convoqué à l’assemblée CIVAM pour une intervention ou parce que l’ordre du jour le requiert. D’ailleurs, c’est de coutume qu’en fonction des thèmes abordés à chaque rencontre, le Président de la conférence, en accord avec son comité, convoque des conseillers provinciaux ou des délégués à l’assemblée générale.
Et dans ce domaine de la coordination, y a-t-il des remaniements que vous pouvez nous dévoiler ?
Bien sûr ! Au terme des décisions prises cette année, la Région Afrique et Madagascar a un nouveau Coordinateur de la Communication sociale, le Père Rigobert Fumtchum (ATE), qui succède au Père Lijo (AET). Du coté de la Formation, c’est le Père Augustine Sellam (AFE) qui est notre nouveau Coordinateur, en remplacement du Père Innocent (MDG), nommé provincial. Le Père Sellam sera secondé par le Père Jésus Benoit Badji (AFO). Par ailleurs, il y a toujours un confrère coadjuteur comme représentant au sein de cette commission ; et cette fois, c’est le Frère Albert Sébastien Ramadan qui a été élu (ATE). Les provinciaux qui accompagnent les commissions, comme nous venons de le dire, sont comme suit : le Père José Elegbede (AFO) poursuit son triennat auprès de la Commission Formation ; le Père Manolo (ACC) est nommé pour un second triennat aux cotés de la Commission Communication sociale, et le Père Innocent Bizimana (MDG) est élu pour accompagner la Commission Pastorale des Jeunes.
Deux autres services ou structures dont bénéficie déjà résolument la Région sont : Don Bosco Tech Africa, dont le directeur exécutif, le Père TJ George, est renouvelé pour un troisième triennat ; et enfin SAFCAM, autrement dit notre Centre de formation permanente, où les Pères Camiel et François font un travail formidable, au service des maisons de formation et des provinces.
Et vous avez certainement travaillé sur la programmation du sexennat…
Oui, c’était même le point essentiel de cette CIVAM. Mais ce sont surtout les projets sexennaux des Commissions Formation et Communication sociale, préparés d’avance par lesdites Commissions, en collaboration avec les conseillers généraux responsables de ces domaines, qui ont été approuvés par la CIVAM. Ils sont désormais communiqués aux provinces. Et maintenant que la programmation du Recteur majeur et de son conseil est connue, toujours à la lumière des réflexions postcapitulaires, les Provinces ont de quoi orienter leur projet pastoral et, si nécessaire, leur projet organique, qui à son tour encadre les projets communautaires, pastoraux, formatifs et personnels dans toute la Région.
En dehors de la programmation et des statuts à approuver, les provinciaux et les délégués ont-ils pu aborder des thèmes qui les tiennent à cœur ? Et si oui, lesquels ?
Bien sûr. Il y a eu entre autres thèmes, – recueillis à travers un brainstorming – le thème de la figure du Délégué provincial de la pastorale des jeunes, trop souvent « dévoré » ou noyé par la direction d’une œuvre ou d’un secteur local complexe, au détriment du champ ô combien vaste et complexe que recèle son secteur. Comme nous le soulignons dans la proposition faite au Recteur majeur pour la programmation 2020-2026 pour la Région, il faut que, partout en Afrique salésienne, les Délégués provinciaux pour la Pastorale des jeunes fassent partie du conseil provincial, et soient à temps plein. Un second thème qui a été souligné, est celui de l’accompagnement des candidats à la vocation salésienne, et surtout le suivi des jeunes confrères dans les maisons de formation. Cet aspect devient urgent quand les effectifs sont pléthoriques, et face au risque de la formation « en masse », trop loin de notre idéal d’un accompagnement personnalisé. Troisièmement, le thème de la solidarité. Solidarité dans la capacité de faire corps, puisque, comme dit le proverbe, « l’union fait la force ». Mais plus explicitement et urgemment, nous avons besoin d’être conscients, fiers et responsables des ressources humaines, des compétences et des bonnes pratiques de chaque Province, et de les mettre à la disposition de tous. Cela concerne les formateurs, les enseignants, mais aussi d’autres compétences, les volontaires, les animateurs, et même des candidats à la vie salésienne. Certains provinciaux ont déjà compris qu’il est de leur ressort de s’entendre sur des transferts temporaires des confrères ; le Curatorium encadre également ce genre de solidarité, sans oublier la générosité missionnaire qui, ces dernières années, place notre Région en bonne position pour la mise à la disposition du Recteur majeur des candidatures pour l’expérience missionnaire ad gentes. Je mentionne enfin un thème qui tenait à cœur aux Provinces, surtout depuis les chapitres provinciaux de 2016 : la restructuration des provinces. Avec la pandémie actuelle et les énormes distances qui s’aggravent dans les zones enclavées de nos pays, l’animation des provinces requiert certainement une grande créativité de la part du Provincial, de ses conseillers/délégués et des directeurs. Mais l’évolution et le dénouement des dossiers de restructuration pourrait aider à mieux atteindre et accompagnement les œuvres et les confrères. Une question à approfondir encore, en nous souvenant que certains dossiers sont déjà en étude ou même en pleine procédure.
Avez-vous invité quelques intervenants pour s’adresser aux provinciaux ?
Oui. Si vous permettez, je voudrais en citer certains, et terminer par le Recteur majeur. Je remercie ici, au nom de la Région, tous ceux qui ont exposé sur des thèmes pendant la rencontre. Non seulement le Père Manolo et le Père José qui ont présenté le travail accompli par les Commissions qu’ils accompagnent, mais aussi le Père Miguel Angel, Conseiller général pour la Pastorale des jeunes, le Père Dieudonné Otekpo, Directeur académique de l’ISPSH Don Bosco (AFO) et actuel coordonnateur des IUS dans la Région, le Père George TJ, de DBTA, et le Père Camiel, au nom de SAFCAM. Evidemment, comme la rencontre était trilingue, elle a été facilitée par la disponibilité des Pères François (SAFCAM) et Basaňes (RMG) pour le service de traduction simultanée.
Vous vouliez terminer par l’intervention du Recteur Majeur ?
Oui. Le dernier jour, pratiquement pour clôturer les trois jours, le Recteur majeur s’est connecté lui aussi. Il a commencé par manifester son attachement à la Région Afrique et Madagascar, et sa joie de voir chacun des Provinciaux et délégués connectés. Il a ensuite invité les membres de l’Assemblée à devenir - et encourager - des Salésiens amoureux de la cour et de l’Oratorio, ainsi qu’une Région faite de confrères ayant un grand cœur pour les jeunes. Comme toujours, il s’est engagé à continuer de soutenir les provinces, en particulier pour supporter en grande partie le cout de la formation des confrères, tout en soulignant que le grand nombre de jeunes confrères en formation à Moshi (AFE), à Kansebula (AFC), par exemple, représente à la fois une bénédiction pour l’avenir et un défi pour l’accompagnement d’aujourd’hui. Il nous faut assurer, disait-il, la « santé vocationnelle » des confrères, et continuer de faire preuve de générosité missionnaire comme il vient de demander à toute la Congrégation. Il a attiré l’attention, toujours en ligne avec le CG28 – cfr. troisième axe thématique – sur l’impératif de la qualification des confrères, à laquelle devrait s’ajouter celle des laïcs, qui doivent être, de façon de plus en plus convaincue et convaincante, nos collaborateurs dans la formation et dans la mission en Afrique. Avant la bénédiction finale qu’il a donnée aux confrères, le Recteur majeur a ajouté une invitation transversale et forte : « Je vous invite, chers confrères, à être toujours transparents dans tous les aspects de votre vie ».