En tout temps et dans toutes les langues et par tous les moyens, les hommes continuent de raconter leurs histoires, d’innombrables histoires qui ont admirablement mis en scène la rencontre entre la liberté de Dieu et celle de l’homme. Notre humanité s’est construite sur des histoires qui ont donné des identités aux peuples et aux nations, des mythes sur lesquels différentes valeurs et formes de vie ont été construites.
Insérée dans ces grands récits sur lesquels repose notre humanité, notre minuscule histoire personnelle s’ajoute à bien d’autres, qui contribuent par leur originalité et leur beauté à cette trame qui s’étend dans le temps. Il n’est pas indifférent que nous nous joignions ou non à ce grand projet de vie. Comme le dit le Pape François, « L’homme est un être narrateur. Dès notre plus jeune âge, nous avons faim de récits comme nous avons faim de nourriture. Qu’ils soient sous forme de fables, de romans, de films, de chansons, de nouvelles ... les récits affectent nos vies, même si nous n’en sommes pas conscients. Nous décidons souvent ce qui est bien ou mal en fonction des personnages et des récits que nous avons assimilés. Les récits nous marquent, façonnent nos convictions et nos comportements, ils peuvent nous aider à comprendre et à dire qui nous sommes…»
L’homme « a besoin de se raconter, de « se revêtir - poursuit le Pape - d’histoires pour protéger sa vie. Nous tissons non seulement des vêtements, mais aussi des récits : en effet, la capacité humaine à « tisser » conduit à la fois aux tissus et aux teste. »
Lorsque le Pape utilise le « tissu » comme métaphore de notre vie, il propose une image belle et complexe, nous invitant à imaginer quelque chose de similaire à un réseau infini qui se compose au fil du temps, où les couleurs et les textures forment des milliers de combinaisons qui s’entrelacent et forment un dessin unique : nous.
Le Pape nous invite à lire notre histoire de vie : « Avec le regard du Narrateur – le seul qui a l’ultime point de vue – nous nous approchons ensuite des protagonistes, nos frères et sœurs, acteurs à côté de nous de l’histoire d’aujourd’hui. »
Il poursuit : «Même lorsque nous racontons le mal, nous pouvons apprendre à laisser de l’espace à la rédemption, nous pouvons aussi reconnaître, au milieu du mal, le dynamisme du bien et lui faire de la place. »
Nous faisons partie d’un réseau infini, il ne faut pas l’oublier. Nous avons la possibilité de resserrer des « nœuds » infinis. Aux aspirants collaborateurs, Steve Jobs demandait : « Voulez-vous une vie ordinaire ou voulez-vous changer le monde ? » La réponse à cette question dépend du sens et de l’épaisseur du tissu de notre vie.
Don Bosco a répondu à cette question en son temps. Certes, il était un garçon insignifiant aux yeux de ses contemporains, sa vie était condamnée à l’anonymat, sans éducation et sans ressources. Cependant, il voulait changer le monde, il voulait être différent et « s’occuper de faire valoir » ses talents. Cela a donc transformé le destin et c’est pourquoi nous sommes ici. L’Esprit de Dieu tisse la trame dans notre vie avec liberté et créativité, nous aidant à faire ressortir qui nous sommes aux yeux de Dieu.
Dieu est notre auditeur, parfois nous nous approchons de lui, d’une voix timide nous disons : « As-tu du temps pour moi? J’ai quelque chose d’important à te dire et toi seul peux me comprendre. » C’est un moment merveilleux.