Pour notre part, toutes ces questions valent la peine d’être posées ; d’autant plus que la place de l’enfant c’est en famille et où il est censé grandir et s’épanouir. Et comment alors expliquer ce dysfonctionnement familial ? Bien des causes sont déjà connues : le divorce des parents, le remariage, la polygamie, la non-scolarité des enfants, phénomène d’enfants « dits sorciers », la maltraitance en famille, l’inceste, promiscuité, la misère, les vols, la mauvaise compagnie….
La famille jouet-elle aujourd’hui son vrai rôle ?
La famille, endroit idéal où est censé grandir, se développer et s’épanouir l’enfant.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Elle devient vide de sa substance dans le contexte qui est le nôtre, et particulièrement dans certaines familles en République Démocratique du Congo.
Qu’à cela ne tienne, et vu les causes citées plus haut, aucune raison ne doit justifier la présence de tous ces milliers d’enfants dans les rues de Lubumbashi. Nous disons qu’ils sont en nombre et s’y installent davantage. Tous, aussi petits ou jeunes qu’ils sont : la rue les accueille à bras ouverts. Et ils font d’elle : une nouvelle famille, une maison, un lieu de travail, de jouissance…pour dire vrai, elle devient tout pour eux.
Notre micro baladeur a été tendu à plus d’un d’entre eux, écoutez en résumé ce qu’ils racontent : « Quelle malchance de se retrouver dans la rue ? Malchance, malheur ou malédiction d’y être? Pas du tout, dans la rue nous sommes bien, c’est-à-dire ? La vie facile et à moindre coût, c’est dans la rue ici à Lubumbashi. » Tenez, tous les moyens sont bons : « nous travaillons et gagnons bien notre vie dans la rue, nous demandons la charité et l’obtenons ; nous volons dans la rue, nous commettons nos bêtises et bavures, dans la rue ; nous nous droguons dans la rue, nous préparons et mangeons toujours dans la rue, et nous nous lavons enfin, dans la rue. La rue est devenue donc pour nous, une chance à exploiter et à capitaliser… »
Chers tous, écoutez au moins, la réflexion de certains d’entre eux. Que comprendre ? Où en sommes-nous sur cette terre des hommes ?
Que représente la rue pour nous aujourd’hui ?
La rue représente un danger pour ces enfants. Elle n’augure aucune chance pour leur épanouissement et leur survie. Que peut-il venir de bon de la rue ? Permettez-moi ce néologisme, est-ce « la maffia infantile » de Lubumbashi ?
La rue est inappropriée pour tous ces enfants ; ils n’y acquièrent pas l’éducation qu’ils devraient recevoir, y compris concernant la sexualité infantile. Ils sont exposés à toutes les antivaleurs, dans la rue. Ils évoluent dans un environnement criminogène, et ne peuvent que suivre des mauvais exemples. Et qu’est-ce que nous leur proposons pour les tirer de là ?
Parmi la cinquantaine des sites ou « karema » qui existent dans la ville de Lubumbashi, épinglons-en un qui est en vogue. C’est le site ou karema du tunnel, sur la Chaussée de Kasenga, vers le bel air.
Il fait beaucoup parler de lui, presque tout le monde en parle…avant il n’y avait qu’une poignée d’enfants, plus ou moins cinq ; et pour le moment au moins une cinquantaine d’enfants y logent et y font bonne affaire… nous disons bonne affaire parce que leur nombre ne fait que croître. Et en plus, comment vivent-ils là ? A longueur de journée ils errent dans ce tunnel, ça et là, demandant la charité et aux passagers, et surtout aux chauffeurs des taxis et taxis-bus. Ils font bonne affaire…s’installent dans ce tunnel, se droguent dans ce même tunnel et dorment à même le sol à côté de la route quand ils sont ivres ou fatigués, toujours dans ce même tunnel …avec tous les risques qu’ils courent.
Nous pensons que leur présence est connue de nos autorités politico-administratives, et rien n’est fait pour prévenir. N’attendons pas seulement que le pire arrive, pour intervenir. Anticipons, en prenant des mesures adéquates.
Pourquoi leur nombre ne fait que croître que ce soit sous tunnel, ou partout ailleurs dans les rues de Lubumbashi ?
La rue paye à Lubumbashi. Tous les enfants qui y accourent, trouvent bon accueil, malgré un début un peu difficile et tourmenté. Une fois qu’elle rentre dans leur peau, ils s’y habituent facilement et ont du mal à la quitter. Bien des gens éprouvent de l’amertume, pris de pitié en voyant ces enfants sur la rue, et sont quand même prêts à leur venir en aide. C’est bien beau de faire de la charité ! Mais cette charité ne les aide pas à quitter la rue, elle leur permet de se stabiliser davantage et de s’y installer, et ce n’est pas une bonne chose.
La plupart de ces enfants sont en bonne santé et mangent à leur faim. De ce fait, ils trouvent de bonnes raisons pour s’installer dans la rue. La seule et grande difficulté qu’ils rencontrent dans la rue, c’est l’endroit où dormir.
Chers tous, puisqu’il en est ainsi, doit-on laisser tous ces enfants sur la rue ?
Nous ne cesserons jamais de le dire : la place de l’enfant, c’est en famille et non sur la rue. Et disons-nous alors, quelle place occupe l’enfant aujourd’hui en famille ? La famille garde-t-elle toujours son rôle régalien ?
Au regard des choses telles qu’elles se présentent, le constat est triste. Nous parents, nous communauté, nous société…avons-nous failli à notre devoir ?
C’est bien de dire : ce n’est pas mon affaire, ou suis pas concerné par ce phénomène-là. Mais cela va nous rattraper sous peu. Ces enfants apprennent des mauvaises habitudes sur la rue, grandissent dans la rue,…une fois devenus majeurs et pas de boulots, ils vont quand même survivre et comment ?
Tous les moyens seront bons pour eux, pourvu qu’ils assouvissent leur faim. Tous petits sur la rue, ils attiraient notre attention, on les prenait en pitié, mais une fois devenus grands, ils deviennent un danger pour la société. Et que faire alors ? C’est maintenant qu’il faut agir, avant que pire n’arrive.
Leur présence dans la rue, ne nous interpelle-t-elle pas ? Quelle sorte de société sommes-nous ?
L’Etat, Parents, Communauté, Société, Eglise, Leaders d’opinion…serrons-nous les coudes pour regarder dans la même direction et voir les vrais problèmes qu’ont ces enfants de la rue. Et essayons de résoudre ces problèmes une fois pour toutes. Paraphrasons Emmanuel Levinas : « le visage de l’autre m’interpelle »…si leur présence dans la rue ne nous interpelle en rien, attendons-nous à un lendemain incertain. On aura à faire face à des petits groupes de criminels et à une augmentation de la délinquance.
On ressent déjà aujourd’hui, les effets de la non-prise en compte de cet aspect-là. Plus d’une personne se plaint de l’insécurité qui sévit dans ville de Lubumbashi : vols, viols et meurtre…ayons une bonne politique en la matière, et peut être trouverons nous une solution à ce phénomène criant qui gangrène notre ville.
La présence des Filles sur la rue
Parmi ces enfants se retrouvant sur la rue, il y a aussi la présence des filles. Que font-elles, là ?
On pouvait au moins tolérer la présence des garçons sur la rue, bien que ce soit anormal. Et que dire alors de la présence des petites filles ? La problématique « filles de la rue » commence à prendre de l’ampleur et saute aux yeux dans la ville de Lubumbashi. Dans différents sites ou karema répertoriés, on les retrouve à côtoyer leurs collègues masculins. Du marché Mimbulu, Matshipisha, Foyer katuba, marché zone, Apollo, Texaco, Alilac, en face de la commune annexe, Kamalondo sur Babemba…le spectacle qu’elles nous présentent est désolent. D’abord vu leurs âges, elles ne devraient pas fréquenter ces milieux malsains. Les unes assises aux côtés des hommes, se droguant soit avec du chanvre soit avec de la colle… certaines sont prises en charge par leurs collègues garçons de la rue, ou les autres hommes. Pendant la journée leur présence passe presque inaperçue, c’est le soir que les choses deviennent plus claires : disséminées ça et là, toujours en compagnie des garçons. C’est eux, qui assurent leur protection tout en leur venant en aide.
Mais sur la rue il n’y a pas de gratuité, c’est du donnant, donnant. Elles font exactement ce que les garçons leur demandent de faire : s’adonnant à la sexualité facile, se droguant et étant globalement exposées aux autres hommes sans moralité. Elles sont des proies faciles. Leur âge varie souvent entre huit et quatorze ans. Quand on les approche, elles se justifient pour ne pas retourner en famille ; quand bien même on les placerait dans une structure de prise en charge pour filles, elles parviennent toujours à fuir là aussi. Comment résoudre ce dilemme ? Elles ne veulent ni de la famille ni des structures de prise en charge. Elles disent qu’elles sont mieux sur la rue qu’ailleurs. Le fond de toile, c’est le sexe, la drogue qui les attirent…en ce qui concerne l’argent, elles n’en tirent pas grand-chose ou profit.
De la consommation de la drogue
Presque quatre-vingt-quinze pourcent (95%) d’enfants de la rue s’adonnent à la drogue, sous toutes ses formes. Mais les cas qui retiennent notre attention, c’est la consommation de colle. Plusieurs d’entre eux ont toujours un petit flacon ou bouteille entre leurs mains. C’est de la colle qu’ils inhalent à longueur de journée ; filles et garçons, tous confondus.
Quand on leur demande pourquoi ils inhalent ça ? Pour la plupart : c’est pour voir et être clair, ne plus avoir honte où pour quémander où pour avoir de la force de travailler…et aussi faire face aux intempéries. Chose étonnante chez les petites filles, c’est pour supporter l’homme, quel qu’il soit, et quel que soit son âge.
Chers tous, allez comprendre ça, des bouches des petites filles ? Mais à nous de demander quel sera leur avenir si déjà à leurs âges, elles, ils, consomment de la drogue? Et quels sont les effets secondaires ou corollaires de cette prise de drogue ?
Parlons un peu de cette drogue qu’ils consomment dans la rue.
La colle, l’essence, chanvre et le zododo…font partie de l’addiction. Elle se caractérise par : L’impossibilité répétée de contrôler un comportement de consommation de substance. La poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives. L’addiction regroupe donc les comportements pathologiques de consommation de substances : l’abus (usage nocif) et la dépendance. Et donc, alcool, tabac, cannabis, héroïne, cocaïne, chanvre, colle…sont toutes des substances psychoactives (qui agissent sur le cerveau). Elles modifient l’activité mentale, les sensations, le comportement. La consommation de ces produits procure un plaisir ou un soulagement. Elles provoquent des effets somatiques (sur le corps).
Connaître l’action des drogues sur le cerveau :
Toutes les substances psychoactives augmentent la quantité de dopamine disponible dans une zone du cerveau ; Elles imitent les neuromédiateurs naturels, augmentent la libération d’un neuromédiateur naturel ou bloquent un neuromédiateur naturel.
Chers tous, voyez quels dangers courent tous ces enfants qui s’adonnent à longueur de journée, à la consommation de cette drogue.
LES FRUITS DE SAMU SOCIAL APRES UNE ANNEE
Nous disons un grand merci à SAMU SOCIAL BAKANJAVILLE pour sa disponibilité (sauf pendant la période électorale de la R.D Congo de cette année passée), sa santé et sa prudence (aucun accident et aucune panne enregistré jusqu’ à ce jour) et surtout pour tous les fruits qu’il a porté au cours de cette année qu’il vient de totaliser au service des enfants à risque qui vivent sur la rue.
SAMU SOCIAL BAKANJA VILLE, au cours de cette belle matinée inoubliable sous un firmament découvert et éclairé par un soleil doux et sous un souffle de vent léger du 25/06/2018, les bénédictions que tu as bénéficié le jour de ton inauguration t’ont bien accompagnées toute cette année pendant laquelle que tu ne cesses pas de visiter les secteurs qui abritent nuitamment les enfants de la rue. !
SAMU SOCIAL BAKANJA VILLE, est ce que tu te rends compte des fruits que la maison Bakanja-Ville est entrain de cueillir chez toi ?
Ecoute, on n’a pas besoin de te fatiguer avec des phraséologies ! Peut-être que tu manques même le temps de compter ces fruits mais, nous qui les observons, qui les accueillons et qui les savourons, nous les comptons.
Avant ton arrivée, la maison Bakanja accueillait, tous les jours, une trentaine d’enfants sortis de la rue.
Désormais avec tes courses que tu ne cesses pas d’effectuer les nuits de chaque mardi et chaque vendredi la maison Bakanja ville commence à enregistrer, tous les jours, plus de 8O enfants. Grace à toi quelques enfants souffrants de certaines maladies et qui ont eu des accidents dans la rue reçoivent des soins primaires.