Qu’est-il sorti sur les migrations ?
Nous, évêques du Nord Afrique, nous voulons attirer l’attention sur les souffrances des migrants : le voyage vers l’Europe est marqué par la souffrance, les injustices, les violences de tout genre. C’est un calvaire pour des milliers de personnes. Nous dénonçons le manque de respect des droits humains de cette innombrable humanité soutenue par l’espoir d’un avenir meilleur et abattue par la souffrance.
Comment s’articule-t-il l’assistance aux migrants dans vos Pays ?
L’Eglise s’occupe des migrants avec de nombreuses initiatives : Au Maroc nous avons alloué 1.5 millions d’euros et établi un programme pluriannuel « Kantara » (Pont) qui assiste des milliers de migrants grâce à l’engagement de médecins, psychologues, éducateurs, enseignants, médiateurs culturels : nous garantissons assistance sanitaire et psychologique, éducation scolaire pour mineurs, formation professionnelle, insertion dans le monde du travail.
Quels sentiments suscite-t-elle en vous l’attitude de l’Europe ?
Indignation et tristesse, car les choix des gouvernements révèlent une attitude d’égoïsme, et parce que beaucoup de fidèles ne sont pas capables de voir le visage du Christ en ces frères souffrants.
Que pensez-vous faire pour l’Eglise au Nord Afrique ?
Nous ne voulons pas être des communautés isolées, ni nous occuper seulement de quelques catholiques présents (tous étrangers) : nous désirons être une Eglise pleinement incarnée sur le territoire, favoriser le dialogue avec les musulmans et l’évolution de ces société vers un pluralisme religieux et la liberté de conscience. Et pour cela il faut améliorer la formation des prêtres et des opérateurs pastoraux.
Quelle signification aura-t-elle la béatification des 19 martyrs d’Algérie, le 8 décembre prochain ?
Cette béatification n’est pas célébrée contre les musulmans, mais, d’une certaine manière, ensemble à tous ceux qui ont été frappés par le terrorisme : il faut rappeler que, en plus des 19 martyrs chrétiens, furent tués une centaine de ‘Imam’ qui ne bénirent pas les violences des fondamentalistes. L’affrontement n’est pas entre musulmans et chrétiens, mais entre la paix et la violence
La lettre du Pape François sur les abus vous a-t-elle poussé à prendre des initiatives particulières ?
Oui, nous avons décidé d’instituer, dans chaque diocèse, ou au moins dans chaque Pays, une commission prête soit à écouter les victimes qui pourraient se présenter dans le futur, soit à faire des enquêtes en cas de dénonciation. Cette nouvelle initiative accompagnera l’engagement déjà pris de créer des milieux sûrs pour les mineurs.