La cour de l’oratoire est un lieu de rencontre de culture et de peuples. Pouvez-vous nous en parler ?
Notre oratoire est fréquenté par des enfants de la rue, des orphelins, des fils d’ouvriers, jeunes de la classe moyenne… Jeunes orthodoxes, catholiques et quelques protestants. Il y a aussi des sud-soudanais, des réfugiés des tribus et ethnies ennemies au Sud Soudan, mais ici ils sont assez sereins entre eux. Que de préjudices ont été abattus par la connaissance réciproque !
Y a-t-il beaucoup de pauvreté?
La pauvreté, en Egypte, a toujours été grande, imaginez maintenant, après 6 ans sans tourisme, sans aide des Etats Unis et des pays du Golfe, et la tragédie de la Lybie. Je ne voudrais pas parler des gens qui mangent de ce qu’elles trouvent dans la décharge publique…
Comment vit-on la foi en Egypte ?
Beaucoup suivent la messe à la TV, les programmes des émetteurs chrétiens, pratiquent le jeûne… Mais en même temps, il y a une énorme diffusion de la pornographie, du ‘je-m’en-foutisme’, de l’indifférence, du mensonge… Les mots les plus employés sont : malesh (cela ne fait rien), bokra (je le ferais demain) et zorouf (c’est la faute de la situation).
Mais il y a aussi la foi, la vraie ! Beaucoup vivent le christianisme comme service à l’autre, paient la dîme et beaucoup plus. Je connais un homme qui a perdu l’épouse et la maman dans l’attentat à l’église d’El-Botroseya. Quand je suis allé chez lui pour faire mes condoléances, il m’a dit : « Abuna (Père), je les envie : le jour avant elles s’étaient confessées et elles voulaient acheter des habits pour ma future fille. Mais elles ont dit…allons d’abord recevoir la bénédiction du Seigneur… et elles sont allé chez Lui, vraiment… bienheureuses qu’elles sont ! »
Le Pape François sera en Egypte en fin avril…
Son voyage veut apporter la solidarité à tout l’Egypte, aux Musulmans et aux Chrétiens. Le Pape François a abattu beaucoup de murs et de préjugés. C’est une belle occasion aussi de collaboration entre Eglise et Gouvernement, Eglise et musulmans, Catholiques et Orthodoxes.
Vous avez parlé de jeunes réfugiés du Soudan du Sud…
Malheureusement tout le monde parle, maintenant, de la Syrie, et avant de l’Iran, mais on ne parle jamais des autres guerres « oubliées ». Il faudrait plus qu’un livre pour raconter la tragédie qu’on vit ici, où il a tellement de racisme vers les noirs, vers les Chrétiens et encore plus vers les Catholiques.