P. Gildásio, pourriez-vous nous dire tout d'abord quel a été le point de départ pour arriver à cette lettre ?
Le point de départ a été la considération que vivre dans le monde numérique aujourd’hui requiert de la sagesse et de l’espérance : ce sont les éléments à travers lesquels chacun peut témoigner et évangéliser dans le monde numérique. Il ne s'agit donc pas de donner de nouveaux engagements dans la communication aux Salésiens âgés ou malades ; ni de demander aux Salésiens âgés de devenir des « experts » sur les réseaux sociaux. Au contraire, l’idée de base est que le témoignage de ceux qui savent vivre ce monde de transformations et de changements est déjà en soi une manière de faire de l’apostolat.
Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d’écrire ce document ?
Le besoin est né des rencontres conjointes que nous avons réalisées dans les sept Régions salésiennes entre les Délégués provinciaux à la Formation et ceux à la Communication Sociale. En outre, plusieurs Provinciaux avaient également exprimé leur avis sur la nécessité de proposer une lecture en ce sens ; et j'ai également reçu des encouragements de plusieurs Salésiens âgés.
Dans votre lettre vous écrivez : « Ceux qui marchent avec sagesse et espérance évangélique restent toujours jeunes ». Pouvez-vous mieux expliquer cet aspect ?
Cela signifie simplement que pour habiter le monde numérique d'aujourd'hui, un Salésien âgé n'a pas besoin de compétences spécialisées particulières, mais seulement de deux choses : vivre et partager la sagesse et l'espérance dans son environnement ; c'est-à-dire vivre sa vie salésienne, même en vieillissant ou en étant malade, avec sagesse et espérance. Car c’est déjà une façon de bien vivre dans le monde numérique.
Le point de départ est donc toujours le vécu, qui est ensuite partagée avec les autres : le témoignage est déjà annonce.
Même s’il n’est pas exprimé directement sur les réseaux sociaux ou les chaînes du monde numérique ?
Exactement. Je donne quelques exemples. Un Salésien âgé qui passe son temps dans la cour parmi les jeunes ; engagé dans le confessionnal avec les jeunes ; ou qui célèbre quotidiennement l'Eucharistie avec une véritable participation ; qui récite le Rosaire dans les couloirs de la maison ; qui, même malade, continue son œuvre dans les limites de sa condition... Tout cela est témoignage, expérience, la vraie vie qui évangélise et parle. À qui ? À nos collaborateurs, aux laïcs, aux jeunes, aux enfants, à leurs familles... Et lorsqu'ils parlent ensuite à leurs autres pairs, collègues, connaissances, ou lorsqu'ils partagent leur vie sur les réseaux sociaux, cela devient évangélisation.
Le monde numérique, traditionnellement considéré comme le terrain exclusif des jeunes, s'ouvre ainsi également aux personnes âgées...
Aujourd’hui, nous devons honnêtement reconnaître que nous sommes envahis par une culture du déchet et de l’indifférence à l’égard des personnes âgées. Mon objectif est précisément celui de valoriser leur témoignage, comme un message puissant pour les jeunes. Parce que les natifs du numérique ont beaucoup à apprendre des personnes âgées, qui ont également été les premiers témoins et créateurs des évolutions technologiques qui nous ont amenés ici. Nous souhaitons donc simplement promouvoir « la beauté de l’humain », voir nos personnes âgées comme des « maîtres de l’humain ». Sans oublier qu’il y a déjà des personnes âgées présentes sur les réseaux sociaux et numériques, et c’est évidemment bien. En effet, il incombe aux communautés de discerner ce qu'elles peuvent faire de plus et de mieux et comment elles peuvent le faire.
Votre lettre est en harmonie avec l'Église : pensons à la grande attention du Pape François envers les personnes âgées et le dialogue entre les générations.
C'est vrai. Nous sommes en phase avec sa sensibilité, car il a été le premier à dénoncer la culture du déchet et à invoquer l'humanisation des relations dans le monde numérique ; tout comme cette lettre est également en harmonie avec la proposition du Recteur Majeur en ce qui concerne spécifiquement la communion fraternelle dans les communautés. Il s'agit d'une proposition qui s'inscrit pleinement dans l'anthropologie moderne de l'Église et qui en même temps est nouvelle, car c'est la première fois qu'une Congrégation religieuse produit un document relatif aux personnes âgées et au monde numérique. En échappant à la tentation activiste, je le répète, mais sans priver les personnes âgées de leur don, de leur droit et de leur responsabilité de communiquer.
Vous écrivez également : « L’univers numérique est un vaste pays de bon grain et de mauvaises herbes à la fois ». Faut-il mettre en garde les personnes âgées ?
Au-delà de mettre en garde, il faut sensibiliser. Très souvent, en dialoguant avec les jeunes, je me rends compte qu'il ne faut pas « problématiser » excessivement le réseau : ce n'est pas notre tâche. Il faut au contraire poser des questions, encourager la maturité dans les approches, pour un usage non naïf, mais critique.
Enfin, que peuvent faire les communautés éducatives et pastorales pour impliquer de manière adéquate les Salésiens âgés dans le monde numérique ?
Je réponds avec trois indications : être conscient de cette dimension, que l'expérience partagée est déjà évangélisation ; deuxièmement, avoir la capacité et la sensibilité de « se mettre à la place » de nos personnes âgées, sachant également accueillir leurs rythmes ; enfin, savoir apprendre de nos personnes âgées, conscients qu'un jour même les jeunes deviendront des personnes âgées.
Le texte intégral de la Lettre est disponible en bas de page en italien, anglais, espagnol, français, portugais et polonais.