Pourquoi un parcours d'éducation à l'amour est-il important ?
Don Bosco, qui est notre fondateur, a consciemment choisi de s'impliquer directement dans la vie et les situations physiques, émotionnelles, mentales et spirituelles de ses garçons. Beaucoup de leurs histoires d'abandon et de solitude cachaient des situations complexes qu'il a lui-même aidé à éclairer et à orienter. L'attention à la dimension affective était constamment envisagée dans son « Système Préventif. » Dans une clé interprétative actuelle, l'éducation à l'affectivité est aujourd'hui l'occasion d'écouter et d'accueillir les inquiétudes, les doutes et les recherches dans une perspective intégrée.
Cette génération vit-elle mieux ou moins bien la dimension sexuelle par rapport au passé ?
C'est difficile à dire, et nous ne devrions pas non plus être tentés de dire que « n'importe quel passé est meilleur. » Nous ne pouvons qu'observer comment cette génération habite cette dimension et prendre cela comme point de départ pour des explorations et des découvertes plus approfondies. Accueillir et ne pas juger, mais sans renoncer à l'idéal. Puisque tout ne peut pas être défini comme positif ou améliorable ; un discernement plus équilibré de la réalité est essentiel pour nous aider à valoriser aussi bien les aspects les moins positifs que les plus valables. Compte tenu de la pertinence et de la complexité du phénomène en question, le rôle de l'éducation affective et sexuelle est encore plus crucial pour démystifier les mythes, réduire les distorsions cognitives et, surtout, accompagner les jeunes sur le chemin de l'authenticité, car seule « la vérité vous rend libre » (Jn 8, 32).
Dans le livre, il y a un chapitre dans lequel les concepts et modèles d'aujourd'hui sont explorés. Pour quelle raison ?
Pour mieux comprendre et être en mesure d’exprimer des jugements personnels sur les différents concepts et modèles, il est nécessaire de les formuler d'une manière qui comprenne sans ambiguïté la terminologie utilisée dans les débats actuels. Il s’agit d’une tâche considérable, compte tenu de l'abondance d'une telle terminologie. L'objectif est donc précisément de fournir des informations claires sur ces questions.
Quelle attitude pour accompagner toujours mieux ?
Pour accompagner, il faut toujours avoir une attitude de respect et d'acceptation totale du jeune, c'est-à-dire avoir une ouverture. On reçoit quelque chose de sacré de la personne et l'on éprouve le besoin « d'enlever ses sandales » devant le sol sacré qu'on s'apprête à fouler. Cela demande la même hospitalité et le même accueil de Jésus dans l'Evangile : avec amour, sans juger, sans condamner, en laissant la personne exprimer ce qu'elle ressent, ce qu'elle souffre, de l'intérieur. Surtout, une chose peut être apprise de l'expérience avec les adolescents et les jeunes : ce n'est pas tant ce que nous, les adultes, disons qui les marque, mais comment nous les accompagnons pour faire face à leurs questions les plus profondes, non seulement les plus explicites, mais aussi les plus implicites, qu'ils ne peuvent formuler seuls. Il s'agit de favoriser « l'alphabétisation affective : » l'apprentissage d'un vocabulaire lié à leurs états d'âme, leurs sensations et leurs émotions.
Quel message cet outil veut-il communiquer ?
Nous avons essayé de montrer l'importance du rôle des éducateurs, des familles, des personnes consacrées et de notre présence dans l'accompagnement de tous les jeunes. Un parcours équilibré d'éducation à l’amour des adolescents / jeunes ne peut se concentrer uniquement sur la transmission scientifique de notions relatives aux aspects psychologiques, sociaux, culturels, anatomiques et physiologiques. Il est également essentiel de travailler au niveau des modèles de comportement, des valeurs, de l'éthique et de la spiritualité, aussi bien chez ceux qui réalisent ce type d'éducation que chez les bénéficiaires eux-mêmes.
L'un des critères pédagogiques qui sont à la fin de l’outil concerne la possibilité d'accompagner l'unicité et la diversité, ne les voyant pas comme un motif d'exclusion. Ce n'est pas un choix évident. D'où vient cette ouverture ?
Éduquer à une attitude d'accueil dans l'accompagnement de l'unicité et de la diversité est une tâche qui appartient à tous les éducateurs et agents pastoraux. Grandir, c'est aussi élargir son cœur, et l'éducation y conduit. Le premier défi pédagogique est d'approcher la réalité sociale et d'éviter l'invisibilité. Le silence est ce qui conduit au chantage, aux doubles standards, aux distorsions et à la souffrance de beaucoup. La meilleure chose à faire est de toujours faire face à la réalité, ce qui signifie lutter contre la désinformation et les préjugés. Et c'est précisément dans le domaine de celle qui est considérée comme une « diversité » que nous, en tant qu'éducateurs, devons être prêts à dire un mot sensé et fondé au milieu d'une mer de désinformation idéologique. Les bonnes intentions et mon expérience et celle de mon entourage ne suffisent pas ; nous avons besoin d'une éducation équilibrée, scientifique et actualisée, sensible à la culture actuelle, mais aussi au message chrétien et à la bonne nouvelle que nous voulons apporter à tous. Permettre une rencontre avec la miséricorde de Dieu est un appel à tous les chrétiens à être promoteurs et facilitateurs de ce dialogue d'amour.
