Vous teniez à réunir des jeunes de diverses convictions : des juifs, des musulmans, des chrétiens et des ‘sans religions’. Pourquoi cet enjeu ?
Le projet d’un clip « Miséricorde » est né d’un décalage entre ce qui se dit et ce que je vis. D’un côté, des opinions relayées par les médias qui parlent de tensions interreligieuses, de poussée des extrémismes... D’un autre coté : ma vie quotidienne à Argenteuil de frère consacré aux jeunes, à la fois dans une paroisse située à cheval entre un quartier résidentiel et une cité (la fameuse Dalle d’Argenteuil), et dans un collège privé, où 40% d'enfants sont issus de familles musulmanes. Et là, je découvre un sens de l'altérité, l'unité dans la diversité.
Contrairement aux médias qui n’influent pas toujours dans le sens de l’apaisement, je décide donc d'encourager, de renforcer l'existant, en réalisant ce clip avec des enfants issus à part égale des trois religions monothéistes et de ‘sans religions’. Il s’agit d'abord de renforcer le lien entre ces enfants-là qui forment l'équipe de chanteurs, mais aussi de diffuser le plus largement ce clip et faire de ce groupe d’enfants des ambassadeurs.
Le mot Miséricorde n’était-il pas un mot chrétien par excellence ?
Pas du tout ! Le comble de l'histoire, c’est que ceux-là même qui tuent au nom du d’Allah semblent avoir oublié que le mot Miséricordieux est dans les premiers mots du Coran : Allah le très Miséricordieux (Miséricordieux veut dire clément). C'est aussi un mot capital dans le Judaïsme dont il tire sa racine ; c’est d’ailleurs le même mot en hébreu et en Arabe. Il parcourt en long et en large tous les écrits bibliques. Et enfin, il signifie “entrailles d’une mère”, “matrice”, c’est-à-dire l’amour inconditionnel ou la bienveillance, qui est aussi le combat de ceux qui ne se retrouvent dans aucune religion.
Ce n’est pas un hasard si le Pape François, qui a le vent en poupe mais surtout qui sait lire l'actualité, proclame une année sainte de la Miséricorde.
L’idée de réaliser un clip chanté vous est-il venue naturellement ?
Mon expérience de musicien m'a naturellement conduit à inventer un projet musical qui réunit : riposte aux attentats, faire goûter aux enfants et à leurs familles, le vivre et le chanter ensemble, réaliser un produit qui véhicule des idées et qui soit en même temps un témoignage : c'est possible plus que jamais, contrairement à ce qu'on entend à la TV.
Chaque couplet a été écrit par un jeune de chaque confession. Le refrain reprend les mots « Miséricorde, cœur de Père, cœur de mère ». Les quatre couplets donnent une idée en quelques mots de la façon dont résonne le mot « Miséricorde » dans la conviction de chacun.