Dans la nation andine, qui a jusqu'à présent enregistré plus de 203 000 décès sur une population de moins de 33 millions d'habitants, soit plus de 6 décès pour 1 000 habitants, les « orphelins de Covid » sont désormais plus de 100 000.
À cet égard, l'histoire de la famille de Gabriela Zarate, racontée il y a quelques jours par la BBC, est emblématique. Gabriela vit dans une petite maison à la périphérie de Lima, avec son mari et huit enfants. Quatre sont ses enfants et les autres quatre sont de sa sœur cadette, Katherine, décédée à cause de Covid-19 en juin dernier, car les hôpitaux de la capitale du Pérou étaient tous pleins et sans même une bouteille d'oxygène, trop chère pour les finances précaires de la famille Zarate.
Le P. Manolo Cayo, Provincial des Salésiens du Pays andin, a raconté à VITA la situation dans le Pays. « Avec la « Fondation Don Bosco » du Pérou - poursuit le P. Cayo - nous avons travaillé avec l'Église péruvienne dans la campagne pour assurer l'oxygène et avec la Banque Alimentaire pour l'urgence alimentaire. Nous avons réalisé des campagnes d'intervention directe dans plus de 90 soupes populaires. » De plus, « nous garantissons l'accès numérique à l'école aux adolescents et aux jeunes les plus pauvres depuis près de deux ans, étant donné qu'au Pérou il n'y a pas eu de scolarisation depuis mars 2020 et seulement maintenant, enfin, on parle d'un retour à la fin de mars de cette année. Ce manque de scolarisation est un problème grave qui s'ajoute aux terribles chiffres d'orphelins causés par Covid. »
« La grave situation des enfants péruviens par rapport à la crise de Covid-19 est sans précédent - déclare Corrado Scropetta, représentant de l'ONG « WeWorld » au Pérou -. Même avant Covid-19, les grands-parents s'occupaient aussi de nombreuses mineurs, notamment en cas de grossesses précoces. Maintenant, beaucoup d’enfants ont également perdu cette figure familière. Dans le caractère tragique de ce que ce phénomène implique sur le plan social et psychologique, l'aspect économique ne doit pas être sous-estimé, étant donné que ces garçons et ces filles ont également perdu toute forme de subsistance... »
Pour Roberto Vignola, Directeur Général Adjoint de la Fondation Cesvi, « ceux qui paient le prix le plus élevé dû à la pandémie de Covid-19 au Pérou, ce sont précisément les enfants et les jeunes qui ont perdu leurs parents ou des proches qui s'occupaient d'eux et pour cette raison ils ne parviennent souvent plus à s'alimenter régulièrement, ils ont dû abandonner l'école pour subvenir à leurs besoins, ils vivent dans une situation de détresse psychique et sont de plus en plus exposés au risque d'exploitation, notamment sexuelle. »
Enfin, les travailleurs sociaux péruviens estiment que l'impact de la pandémie sur les enfants a été négligé puisqu'ils sont généralement moins touchés que les adultes par la maladie, même si plus de 1 500 enfants péruviens sont déjà morts à cause de Covid-19.