Comment se concrétise-t-elle l’Eglise ministérielle parmi les Achuar, quelles sont les difficultés et quels progrès ont-ils été faits en ces années de travail ?
Je pense que ce qui est fondamental est que le message de l’Evangile soit transmis dans leur langue, avec ses formes et expressions. C’est le travail commencé par le P. Bolla, qui a été le missionnaire qui a rendu plus systématique et constant le processus de présence interne au groupe ; il a réussi à faire en sorte que ce message puisse entrer et à être semé dans le cœur des familles, des jeunes et des enfants ‘achuar’.
Dans quelle mesure est-il important pour le peuple achuar que le missionnaire qui vient de l’extérieur parle cette langue et cherche d’entrer en relation avec eux dans leur langue ?
L’espagnol, pour eux, est vraiment quelque chose de très loin, hors de portée. Leur langue-mère est celle qu’ils emploient habituellement ; l’un pour cent des enseignants parlent un peu d’espagnol et rien de plus. Les missionnaires qui sont venus de l’Europe en nos terres américaines ont dû apprendre l’espagnol pour annoncer l’Evangile. Pour les Achuar, il est fondamental que l’on prêche dans leur langue, maintenant que le Nouveau Testament a été traduit, et ils disent : « Maintenant, oui, nous comprenons le message plus profondément, maintenant nous pouvons partager, nous pouvons aller plus en profondeur dans le message ».
En vue du Synode sur la région Pan-amazonienne, comment cette expérience du monde achuar pourrait-elle éclairer les nouveaux parcours parmi les autres peuples amazoniens ?
Je crois important le fait que, en tant qu’Eglise, on ne cherche pas trop à s’élargir, mais simplement à prendre un peuple et à s’imprégner profondément avec ce peuple. Cet engagement porte à ce que le missionnaire et l’Eglise indigène, qui est née en ce cas, puisse rejoindre réellement l’essence de l’âme indigène et revitaliser la vie de ce peuple avec les valeurs de l’Evangile. Si nous parvenions à obtenir une réorganisation parmi les autres peuples indigènes, à réorganiser les territoires et les peuples, qui ne sont pas subdivisés en paroisses, juridictions ecclésiales ou politiques, mais qu’elles comprennent tout le peuple, alors je crois que cette expérience serait de grande aide.