Syrie – Un Pays suspendu, entre peur et espoir

11 décembre 2024

(ANS - Damas) - « La situation actuelle en Syrie est de grande incertitude, même si tout va trop vite », rapporte le P. Pedro García, missionnaire salésien espagnol, Directeur de la maison salésienne de Damas. « Pour l’instant, nous ne pouvons qu’attendre et continuer à travailler aux côtés des gens. Dès le début, nous, les Salésiens, nous avons gardé nos portes ouvertes, même dans les moments les plus difficiles de la guerre. Nous avons toujours été une référence pour la population et nous continuerons de l'être même en ce moment », ajoute-t-il.

Les Salésiens sont présents dans les villes d'Alep, Damas et Kafroun, avec des œuvres d'éducation informelle et des centres de jeunes qui, au total, impliquent et donnent une pincée d'espérance chaque jour à plus de 3 000 enfants et jeunes. Ces derniers jours, après la chute du régime d'Assad, ils ont dû suspendre leurs activités pour la sécurité des mineurs, mais pas leur engagement à prendre soin et à accueillir ceux qui en ont besoin.

Les derniers événements semblent avoir été accueillis par la population comme une libération et beaucoup sont descendus dans la rue avec une joie contenue, mais « la situation est d'incertitude dans tout le Pays et tout va trop vite. Ici, c'est une tradition de célébrer Sainte Barbara (le 4 décembre, ndlr) par des fêtes costumées et un repas traditionnel, mais cette année, nous avons décidé qu'au lieu d'une fête, nous organiserions une veillée devant le Saint-Sacrement pour demander la paix », a déclaré le P. García poursuivant son témoignage.

« Le moment de vérité sera celui où les différentes factions qui composent la coalition s’assoiront pour négocier. Tout dépendra de la manière dont les contrepoids du nouveau Gouvernement seront organisés », conclut le Salésien.

Même le Supérieur de la Province du Moyen-Orient, le P. Simon Zakerian, présent ces jours-ci à Rome pour le cours de formation et d'orientation des Provinciaux récemment nommés, a confirmé l'ensemble des sentiments contradictoires qui coexistent désormais parmi la population syrienne. « Le peuple syrien se réjouit d’un côté et pleure de l’autre. Pendant de nombreuses années, les Syriens ont été habitués à vivre avec un blocage de leur liberté : ils ne pouvaient pas s'exprimer, parler, critiquer... Nous espérons maintenant qu'il y aura un tournant positif ».

En fait, la question que beaucoup se posent concerne l’avenir. Les évêques, aussi bien catholiques qu'orthodoxes, ont déjà eu plusieurs rencontres avec certains responsables des groupes rebelles et ont été rassurés sur le fait que les chrétiens « ne seront pas touchés, car ils ont toujours été fidèles à notre Pays ». Cela nourrit un espoir prudent, mais tous veulent attendre les nouveaux responsables de la nation à l'épreuve des faits, pour être sûr qu’il ne s’agit pas de simples déclarations d’intention.

Les jeunes qui fréquentent les œuvres salésiennes sont le test décisif de la nouvelle réalité. En fait, conclut le Provincial de MOR : « Pendant cette période, nos jeunes ont été pour la plupart enfermés chez eux, dans leurs groupes WhatsApp ils s'écrivaient de ne pas sortir dans la rue, d'attendre de voir comment la situation évolue... Il y a donc toujours de la peur, mais au en même temps aussi un peu d'espoir que ce changement soit sincèrement pour le bien du Pays ». 

InfoANS

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