L’attentat dans la rue ‘Rasella’ à Rome, le 23 mars 1944, avait causé la mort de 33 soldats des forces allemandes, dont le commandant exigea, en représailles, l’exécution de dix italiens pour chaque victime. Dans l’après-midi du jour suivant, 335 hommes, pris de la prison et du quartier général des nazis, même très jeunes (prisonniers politiques, hébreux, autres en prison pour de petits délits) furent conduits dans les vielles carrières de la rue, ‘Ardeatina’ – où on pouvait accéder par diverses entrées que les Salésiens du voisin Institut ‘San Tarcisio’ connaissaient pour y avoir été en promenade avec les élèves.
Divers Salésiens de la communauté, qui étaient guides aux Catacombes voisines de St Calixte, purent observer les soldats bloquer les routes d’accès et les camions avec les « condamnés à mort ». L’exécution proprement dite dura de 15h30 à 20h00 du 24, suivie de deux puissantes explosions, même si les derniers coups de feu ont été entendus jusqu’à 14h30 du lendemain. L’exécution fut rendue publique par la presse du régime déjà dans la nuit du 24 mars.
La première confirmation du massacre l’a eu dans la matinée du samedi 25 un salésien hongrois, Luigi Szenik, à travers une brève conversation avec deux soldats allemands et écoutant des mots d’un coup de téléphone fait par un sous-officier allemand qui se trouvaient dans les bureaux salésiens. Mis au courant, trois Salésiens de la communauté firent une inspection dans les carrières : ils virent les cadavres et, par un salésien ‘accrédité’ au Vatican, on le fit savoir au Pape. Dans la soirée de samedi 25 et le dimanche 26 mars, d’autres Salésiens passèrent par les carrières, priant et portant des fleurs. Malgré les sévères dispositions, le lieu du massacre, désormais bien connu, devint lieu de pèlerinage de personnes à la recherche de leurs proches. Le 1er avril, les allemands firent sauter des mines, barrant ainsi définitivement l’accès aux lieux.
Vers la mi-avril, une liste complète des victimes arriva chez le directeur de la communauté de ‘St Calixte’, et ainsi il pouvait donner de nouvelles sûres, mais si très tristes, à celui qui les lui demandait.