Buterere, quartier de Bujumbura où, depuis des années, on jette les immondices. Une décharge à ciel ouvert, où la nappe aquifère est désormais polluée, où des milliers de gens tournent en rond sans fixe demeure dans la recherche quotidienne de quelque chose pour vivre.
Fin juillet 2016, quelques filles sont rentrées à la maison venant de la maison/famille où elles vivent d’habitude. Quelques-unes d’entre elles se retrouvent ensemble un après-midi pour passer quelques heures dans la joie. Un homme arrive à l’improviste, avec une femme. Il viole les filles, une après l’autre et il s’en va, les laissant en larmes sous la menace de la machette de la femme.
On porte plainte. Le violeur est arrêté et conduit au commissariat. L’officiel de police judiciaire dresse le procès-verbal de la dénonciation et de l’enquête. Il envoie les filles au centre médical « Seruka » où on constate le viol. On attend seulement le transfert du violeur dans la prison centrale de Mpimba.
Mais le dossier disparait. L’officier de police judiciaire est transféré ailleurs. Le violeur est remis en liberté. Les filles pleurent sans justice.
On procède à l’enquête sur les personnes impliquées en cet énième épisode de violence. Les filles n’ont pas de père, sont des filles de la rue, quelques-unes aussi sans mère. Donc elles sont destinées à souffrir et à subir.
Combien aura-t-il payé le violeur pour ne pas finir à Mpimba ? Et pourtant le Code Pénal burundais est clair, art.385 : de 5 à 20 ans de prison pour les auteurs de viol réalisé sous la menace et la violence. La peine est aggravée si les victimes sont mineures.
On commence le travail de recherche de la vérité et des coupables. Le soi-disant chef du quartier dit que personne ne lui a rien dit. Et pourtant chaque semaine il y a une réunion de sécurité connue par tous, avec le commandant du poste de police et le chef du quartier où on cherche de dénicher tout ce qui pourrait mettre en péril la stabilité de la zone. Evidemment le triple viol de filles mineures effectué sous la menace d’une arme n’est pas un événement de haut relief. Le chef de la police dit de se rappeler vaguement de quelque chose, comme si on parlait d’un vol d’un poulet.
Que vaut une fille qui vient d’un pauvre village de la colline, avec de vieux habits et une route déjà indiquée par d’autres devant elle ?