P. Ferdinand, comment avez-vous pu réaliser, clandestinement, votre formation salésienne ?
Pendant 8 ans, durant l’année de noviciat, et puis durant les 5 années du post-noviciat et enfin les 2 dernières, de préparation aux vœux perpétuels et au sacerdoce, nous nous rencontrions avec les formateurs durant les weekends, d’abord trois fois, puis deux fois par mois. Bien sûr, ces rencontres ne suffisaient pas : nous devions aussi étudier, toujours en cachette, quand nous étions à la maison. Et en même temps j’enseignais dans une école supérieure, où on devait bien faire attention à ne pas sortir de l’orthodoxie du régime.
Ainsi j’ai étudié les fondements de toutes les matières, et soutenu même les examens durant les rencontres que nous pouvions organiser. Avec une telle formation, à la fin du régime je me suis trouvé sans aucun certificat pour ce que j’avais fait, mais durant ces années j’ai continué à vivre près des gens.
N’y avait-il pas moyen de faite autrement ?
Il y avait des séminaires qui pouvaient opérer en dehors de la clandestinité, mais le nombre de candidats était limité et, de toute manière, ils étaient contrôlés et mêmes quelques candidats étaient infiltrés. Quand j’ai complété le parcours de formation, j’ai reçu l’ordination diaconale et sacerdotale en même temps, à quelques minutes près, sans même la messe. Dans la pièce il n’y avait que l’évêque Ján Chryzostom Korec, futur cardinal, moi-même et autre ordonné avec moi.
Quand vous enseigniez, n’avez-vous jamais eu de problèmes ?
Une fois on m’a demandé : » Etes-vous croyant ? ». Je savais que si je répondais ‘oui’, celui-là aurait été mon dernier jour d’enseignement, mais je ne pouvais pas non plus répondre ‘non’. Alors j’ai répondu avec une question : » Qu’est-ce que cela veut dire être croyant ? ». Et cela a été suffisant.
Et aujourd’hui, que faites-vous ?
Je continue à enseigner. Aujourd’hui, librement, à l’Institut Don Bosco pour le Travail Social de Zilina, en Slovaquie, affilié à l’Université ‘ Ste Elisabeth’.