Devant près de 5000 fidèles rassemblés dans la basilique Saint-Pierre, le Pape François a présidé la messe ce dimanche 27 octobre, qui marquait la clôture de près d'un mois de Synode au Vatican. C’est le cardinal Mario Grech, secrétaire général de cette assemblée, qui a célébré la liturgie eucharistique sous un baldaquin du Bernin fraîchement restauré. Dans son homélie, le Pape est revenu sur l’évangile de Marc qui relate l’épisode où l’aveugle Bartimée recouvre la vue après avoir crié vers Jésus. « Dieu entend toujours le cri des pauvres, il n’ignore aucun cri de souffrance » a-t-il rappelé.
François a invité à regarder Bartimée pour en tirer des enseignements. « La première chose que l’Évangile nous dit à propos de Bartimée est qu’il est assis en train de mendier ». Une position typique d’une personne « enfermée dans son chagrin », a noté le Pape. Mais vivre signifie toujours « se mettre en mouvement, se mettre en route, rêver, faire des projets, s’ouvrir à l’avenir ». Ainsi, Bartimée « représente aussi cette cécité intérieure qui nous bloque, nous fait rester assis, nous rend immobiles sur les bords de la vie, sans espérance ».
La vie de Bartimée nous fait réfléchir à notre vie personnelle, mais aussi à notre manière de vivre comme Église, a poursuivi le Pape : « Beaucoup de choses sur le chemin peuvent nous rendre aveugles, incapables de reconnaître la présence du Seigneur, non préparés à affronter les défis de la réalité, parfois incapables de savoir comment répondre aux nombreuses questions qui nous interpellent, comme Bartimée l’a fait avec Jésus ».
Une Église qui ne peut rester aveugle face aux défis
Tout ceci est un enseignement pour l’Église alors qu’elle clôt trois années de travaux synodaux et est amenée à se projeter avec dynamisme pour sa mission. « Face aux questions des femmes et des hommes d’aujourd’hui, aux défis de notre temps, aux urgences de l’évangélisation et aux nombreuses blessures qui affligent l’humanité, nous ne pouvons pas rester assis », a ainsi mis en garde le Souverain pontife. Au contraire, une « Église assise qui, presque sans s’en rendre compte, se retire de la vie et se cantonne aux marges de la réalité, est une Église qui risque de rester dans l’aveuglement et de s’installer dans son propre mal-être », a-t-il expliqué.
Le Seigneur soigne toujours notre cécité, a poursuivi François, se réjouissant que « le Synode nous exhorte à être Église à l’image de Bartimée : communauté de disciples qui, en entendant le Seigneur passer, ressentent le frisson du salut, se laissent réveiller par la force de l’Évangile et commencent à crier vers Lui ».
Accueillir « le cri du monde »
L’Église est ainsi celle qui peut accueillir le cri de tous les hommes et femmes de la terre : « ceux qui souhaitent découvrir la joie de l’Évangile et de ceux qui s’en sont éloignés ; le cri silencieux de ceux qui sont indifférents ; le cri de ceux qui souffrent, des pauvres et des marginaux ; la voix brisée de ceux qui n’ont même plus la force de crier vers Dieu, soit parce qu’ils n’ont pas de voix, soit parce qu’ils se sont résignés ». Et François de lancer cette exhortation : « Nous n’avons pas besoin d’une Église qui s’assoit et abandonne, mais d’une Église qui accueille le cri du monde et se salit les mains pour le servir ».
Le deuxième aspect de l’évangile relatant Bartimée est celui du cheminement. Après avoir été guéri par Jésus, l’aveugle s’est en effet levé pour se mettre à sa suite, devenant son disciple. « Il en va de même pour nous, a poursuivi le Pape : lorsque nous sommes assis et installés, lorsque même en tant qu’Église nous ne trouvons pas la force, le courage et l’audace nécessaires pour nous lever et reprendre le chemin, souvenons-nous toujours de revenir au Seigneur et à son Évangile ».
Une image de l’Église synodale
Bartimée « est une image de l’Église synodale », a encore expliqué François. « Le Seigneur nous appelle, il nous relève quand nous sommes assis ou tombés, il nous redonne la vue pour que, à la lumière de l’Évangile, nous puissions voir les angoisses et les souffrances du monde ; et ainsi, remis debout par le Seigneur, nous faisons l’expérience de la joie de le suivre sur la route ».
Le Pape a conclu son homélie en exhortant les fidèles à être toujours plus une « Église missionnaire » et non statique. Il a également rappelé la restauration de la chaire de saint Pierre, placée ce dimanche à côté de l’autel de la confession. « En la contemplant avec l’émerveillement de la foi, rappelons-nous qu'il s'agit de la Chaire de l'amour, de l'unité et de la miséricorde, conformément au commandement que Jésus a donné à l'apôtre Pierre de ne pas dominer les autres, mais de les servir dans la charité ». Tout comme le baldaquin qui « encadre le véritable point focal de toute la basilique, à savoir la gloire de l'Esprit Saint ». Car telle est l'Église synodale, a encore rappelé le Pape : « Une communauté dont la primauté réside dans le don de l'Esprit, qui nous rend tous frères dans le Christ et nous élève jusqu'à Lui ».
François a ainsi laissé les fidèles sur cette dernière supplique au peuple de Dieu: «Déposons le manteau de la résignation, confions notre cécité au Seigneur, levons-nous et portons la joie de l’Évangile sur les chemins du monde».
Olivier Bonnel
Source : Vatican News