Ukraine – Mgr Ryabukha : « Moi, le nouvel évêque de Donetsk, je ne peux pas rencontrer mon peuple »

(ANS - Donetsk) - Dans un peu plus d'un mois, le Salésien Maksim Ryabukha deviendra Évêque Auxiliaire de l'Archevêché de Donetsk, un diocèse aux nombreux territoires occupés, dans lequel il ne pourra pas entrer. Pourtant, il a une certitude : « Là où tout s'effondre et est bombardé, nous apportons l'espérance et la lumière du Christ. »

Ses jeunes se moquent déjà un peu de lui. « Nous savons où sera situé le plus grand oratoire salésien du monde. Ce sera celui que vous fonderez et qui comprendra Donbass, Zaporizhzhia et Dnipro. » Mgr Ryabukha sourit. Et en tant que Fils de Don Bosco, il sait bien qu'il y a un peu de vérité dans les paroles des jeunes de Kiev qu'il devra bientôt quitter. Mais il est également conscient qu'en tant que nouvel Évêque Auxiliaire gréco-catholique de Donetsk - bien que son nouveau diocèse atteigne la centrale nucléaire disputée entre Russes et Ukrainiens - il ne pourra pas pour l'instant mettre les pieds dans une partie des régions sur lesquelles sa nouvelle Église insiste et rencontrer les gens qui vivent dans les territoires occupés par l'armée de Moscou. Il est impossible d'entrer. Imaginez s’il est possible pour un Évêque catholique, comme le P. Ryabukha.

« J'en suis malheureusement conscient - dit le prêtre de 42 ans originaire de Lviv -. Mais grâce aux prêtres qui continuent de séjourner dans les zones contrôlées par le Kremlin, j'ai déjà voulu adresser mes salutations à tous. » Et certains fidèles ont répondu : « Je ne connais pas ce nouvel évêque, mais il m'est déjà sympathique. » Il est difficile de ne pas être contaminé par l'optimisme, solidement enraciné dans l'Évangile, de Mgr Ryabukha, qui sera pasteur dans l'un des coins les plus difficiles de l'Ukraine. Son ordination épiscopale aura lieu dans la Cathédrale de la Résurrection à Kiev le 22 décembre, lors de la célébration de l'Immaculée Conception en Orient. Un ministère qui commence sous le signe de la Bienheureuse Vierge : presque naturel pour un Salésien.

« Je ne peux pas voir tout mon peuple. Mais je le porte dans mon cœur et je le soutiens par ma prière. Et j’essayerai d'être proche de lui aussi par les médias, » confie-t-il. « La guerre n'a pas commencé le 24 février, mais en 2014. C'est pourquoi la victoire que je souhaite est celle de la paix. Avec la certitude que, comme le Christ nous le rappelle, la mort n'a jamais le dernier mot et l'injustice humaine est destinée à disparaître. »

Mais c'est le moment de la souffrance. « Le deuil de la mort de parents et d'amis, les destructions que le Pays subit, le drame des réfugiés contraints de quitter leur maison s'accompagnent de douleurs spirituelles qui se ressentent quand on touche du doigt le mal. Il faudra de la patience avant que toutes ces blessures soient cicatrisées, mais je suis convaincu que la Providence nous aidera. »

Le Salésien vient de prêcher les exercices spirituelles à son nouveau clergé, ou du moins aux prêtres qui peuvent se déplacer. « À chaque fois, je suis surpris par leur proximité avec les communautés, qui les motive à mettre même leur vie en danger. Cependant, comme me l'a dit quelqu'un qui est resté dans les zones où il y a des combats, ils sont le « signe que Dieu ne nous a pas abandonnés. » C'est notre tâche d’apporter la lumière du Ressuscité et l'espérance là où tout s'effondre. Alors je dis que nous avons besoin de prêtres capables de regarder vers l'avenir et même de rêver. »

Mgr Ryabukha connaît déjà l'Est du Pays, bien qu'étant né à l'Ouest. « Et je l'ai toujours porté dans mon cœur », confie-t-il. Il a vécu deux ans à Dnipro dans la maison salésienne ; il a rencontré plusieurs fois les jeunes ; il a organisé les « camps pour jeunes en guerre » à Donetsk et Lougansk. En tant qu'évêque, il vivra à Zaporizhzhia, dans le presbytère d'une paroisse qu'il définit comme un « siège temporaire. » « Je suis ému par le sentiment de solidarité qui s'est développé pendant le conflit. Tous sont prêts à donner un coup de main : par exemple, accueillir les déplacés ou partager le peu qu'ils ont. Cela montre à quel point la fraternité est plus forte que l'épreuve à laquelle l'Ukraine est confrontée. »

Puis son esprit revient aux Messes dans les sous-sols des immeubles d'habitation au début de l'invasion russe ou aux célébrations dans les appartements. « La période la plus difficile a été surmontée. Il n'y a pas de découragement parce que les gens croient au bien. Mais la terreur, les massacres, les tueries demeurent. C'est pourquoi il est important de ne pas faire taire la douleur. L'Écriture nous enseigne que la vérité nous rend libres. »

Pour cette raison, après une pause, il conclut : « Alors que les bombes tombent sur nos villes, il est difficile de parler de réconciliation. Mais il viendra un temps où nous pourrons à nouveau franchir les frontières les uns des autres. Et ce qu'il nous faudra reconstruire, ce ne seront pas seulement les murs, mais surtout la dignité humaine que les régimes totalitaires ont toujours bafouée et instrumentalisé. Nous sommes tous « les mains de Dieu : » malheur à ceux qui les obligent à s'en servir pour anéantir leur proche ou leur voisin. »

InfoANS

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