Shehnaz était venue en ville en 2007, avec son enfant de sept ans. En descendant du train, elle lui dit de l’attendre sur le trottoir pendant qu’elle allait chercher un taxi ; à son retour, elle ne le trouva plus. Il avait disparu. « Moi-même j’étais un peu perdue en ville. Je ne parvenais pas à expliquer ma situation car je ne connaissais pas la langue. J’ai téléphoné à mon mari qui m’a dit d’attendre dans les alentours et de le chercher encore pour quelque temps. Mais il ne s’est rien passé », dit Shehnaz en larmes. Muhammed, dans les bras de sa mère, dit : « J’ai pleuré pendant des années en pensant à mes parents, ils me manquaient tellement ! ». Il fut sauvé par les officiels du ‘Childline’ à la gare centrale de Chennai ; ils le conduisirent au « Child Welfare Committee » et puis dans une maison dirigée par le « Don Bosco Anbu Illam » (DBAI).
« A l’époque nous n’avons pas pu avoir de lui aucune information adéquate, vu son jeune âge. Nous lui avons demandé son nom, ‘Muhammed’ dit-il, et nous l’avons appelé ainsi. Mais nous avons continué à chercher ses parents », raconte Johnson Bashyam, SDB, directeur de la maison et directeur du DBAI.
Muhammed fit inscrit à l’école ‘St Joseph’ : il a été un bon élève et il montra un grand intérêt pour la course et le saut en hauteur. Il représenta aussi le district pour la rencontre sportive annuelle. Mais il restait toujours un vide. « J’ai été placé dans une famille, mais je n’avais pas d’amis et je me sentais pas bien voulu – dit-il. Un jour je veux devenir un joueur de cricket, voilà mon seul désir », dit-il en langue Tamil, regardant son père qui cherche à comprendre la langue. « J’ai acheté un dictionnaire ‘Hindi-Tamil’ pour comprendre ce que dit mon fils. Nous lui enseignerons aussi l’Hindi », dit Muhammed Hussein, le père.
La maison abrite actuellement 102 enfants, dont 23 orphelins, 70 qui ont un seul parent et les autres 9 qui ont été trouvés abandonnés à la gare, à l’arrêt des bus ou quelque part ailleurs. « Chaque jour nous avons de cas semblables », nous dit un employé du CWC (Child Welfare Committee).
« Demain j’ai les examens, mais j’irais à la maison après les examens », dit Muhammed en sortant de la maison avec sa famille.