Pour le P. Ghiglione, quelques expressions qui incarnent le système préventif - « il faut gagner le cœur des jeunes ; » « Pour être influent, il faut se faire aimer ; » « Formons de bons chrétiens et de citoyens honnêtes » - même si elles jaillissent du cœur de Don Bosco, sont nées de l'esprit de St. François de Sales.
Ces racines n'enlèvent rien au génie de Don Bosco, qui a su traduire les intuitions et les méthodologies innovantes, faisant d’elles la pierre angulaire de son service aux jeunes, en particulier les plus « en danger. » Et quand il faut, comme en ce temps, faire face à l'urgence éducative, la recherche de ces racines et leur extension au présent est un engagement à entreprendre, dans la maison salésienne et au-delà.
« Deux belles et importantes choses que St. François de Sales peut encore nous enseigner aujourd'hui, » souligne le P. Ghiglione.
« La première est le sens de l'amitié : » on en trouve de nombreuses traces dans sa biographie et des définitions précises dans ses lettres. « Lorsqu'il a terminé ses études à Paris, son retour à Annecy a été une marche de plus de 300 kilomètres à pied, à cheval et en calèche avec quatre de ses camarades de classe avec lesquels il avait évidemment une relation très étroite... Ses écrits, ses lettres sont une mine de réflexions et de témoignages sur l'amitié, » rappelle le P. Ghiglione.
Il est aussi un modèle pour les jeunes d'aujourd'hui : « Ils ont tendance à garder les yeux baissés, penchés sur leur téléphone portable : ils devraient plutôt le tourner vers le regard des autres dans un échange interpersonnel, » recommande le P. Ghiglione.
« La deuxième chose est le soin du caractère. Il n'est pas né saint : il avait un caractère fier, prêt à agir contre les gens adverses. » La douceur communément attribuée au saint Évêque n'était pas une expression de son caractère, mais d’une éducation engagée de celui-ci. La maîtrise de soi - à laquelle il s'en est tenu dans ses relations avec les autres et dans l'exercice de son ministère pastoral - fait partie de son ascèse spirituelle. C'était une éducation permanente non pas à la répression des sentiments, mais à leur conversion dans l'empathie envers les autres.
La salésianité, c'est cela, et Don Bosco en a été un porte-drapeau en inscrivant le nom de François de Sales dans l’écu de sa Famille religieuse : « Un projet d'éducation des jeunes qui s'est progressivement étendu au monde entier car il est évidemment valable à toutes les latitudes, fondé sur la base des principes bien connus de l’affection, de la raison et de la religion, » réaffirme le P. Ghiglione.
Enfin, il conclut avec satisfaction : « La nôtre est une méthode qui vient de loin et va loin ! »