Vous, les salésiens, vous avez de la chance car votre fondateur, Don Bosco, n’était pas un saint à avec une figure de « vendredi saint », triste, boudeur… Mais plutôt la figure du « dimanche de Pâques » Il était joyeux, accueillant, malgré les mille fatigues et difficultés quotidiennes. Comme on écrit dans les ‘Memorie biografiche’ « son visage radieux de joie manifestait, comme toujours, sa propre joie de se trouver parmi ses jeunes » (MB de Don Bosco, XII, 41). Ce n’est pas par hasard que, pour lui, la sainteté consistait dans le fait d’être ‘très joyeux’. Nous pouvons donc le définir un ‘porteur sain’ de cette ‘joie de l’Evangile’ qu’il a proposé à son premier grand élève, St Dominique Savio, et à vous tous, Salésiens, comme style authentique et toujours actuel de la « mesure haute de la vie chrétienne » (Jean Paul II, ‘Novo Millennio Ineunte’, 31).
Le sien a été un message révolutionnaire dans un moment où les prêtres vivaient séparés de la vie des gens. La « mesure haute de la vie chrétienne » Don Bosco la met en pratique entrant dans la « périphérie sociale et existentielle » qui régnait dans la Turin du 19e siècle, capitale d’Italie et ville industrielle, qui attirait des centaines de jeunes à la recherche d’un travail. En effet, le « prêtre des jeunes pauvres et abandonnés », suivant le conseil clairvoyant de son maitre, St Joseph Cafasso, il descendait dans la rue, il entrait dans les chantiers, dans les usines et dans les prisons, et là-bas il trouvait les jeunes seuls, abandonnés, à la merci de patrons de travail sans scrupules. Il portait la joie et l’attitude du vrai éducateur à tous les jeunes qu’il arrachait de la rue, et qui retrouvaient, à Valdocco, un oasis de sérénité et un endroit où apprendre à être « bons chrétiens et honnêtes citoyens ». C’est le même climat de joie et de famille que j’ai eu le bonheur de vivre et de goûter moi aussi quand, jeune, je fréquentais la sixième primaire au « Colegio Wilfrid Barón de los Santos Ángeles », à Ramos Mejia. Les salésiens m’ont formé à la beauté, au travail et à rester très joyeux, et cela est votre charisme.
Ils m’ont aidé à grandir sans peur, sans obsessions…Ils m’ont aidé à aller de l’avant dans la joie et la prière. Comme j’ai eu l’occasion de vous le rappeler lors de la visite à la Basilique de Marie Auxiliatrice, le 21 juin 2015, je reviens à vous rappeler les trois amours de Don Bosco : la Vierge, l’Eucharistie et le Pape. Aujourd’hui on parle peu de la Vierge avec le même amour dont parlait votre Saint. Il se confiait à Dieu priant la Vierge et cette confiance en Marie lui donnait le courage d’affronter défis et dangers de la vie et de sa mission. L’Eucharistie, comme deuxième amour de Don Bosco, doit vous rappeler de diriger les jeunes à la pratique de la liturgie, bien vécue, pour les aider à entrer dans le mystère eucharistique, sans oublier l’Adoration. Enfin, l’amour pour le Pape : ce n’est pas seulement amour pour sa personne, mais pour Pierre comme chef de l’Eglise et comme représentant du Christ et époux de l’Eglise. Derrière cet amour pour le Pape, il y a l’amour pour l’Eglise.
La question que vous devez vous poser est : « Quel salésien de Don Bosco faut-il être pour les jeunes d’aujourd’hui ? ». Je dirais : un homme concret, comme votre fondateur, qui, comme jeune prêtre, a préféré, à une carrière de précepteur dans les familles des nobles, le service parmi les jeunes pauvres et abandonnés. Un salésien capable de regarder autour de soi, qui voit les situations critiques et les problèmes, qui les affronte, les analyse et prend des décisions courageuses. Il est appelé à aller à la rencontre de toutes les périphéries du monde et de l’histoire, les périphéries du travail et de la famille, de la culture et de l’économie, qui ont besoin d’être guéris.
Et s’il accueille, avec l’Esprit du Ressuscité, les périphéries habitées par les jeunes et leurs familles, alors le Royaume de Dieu commence à être présent et une autre histoire devient possible. Le salésien est un éducateur qui embrasse la fragilité des jeunes qui vivent dans la marginalisation et sans avenir, se penche sur leurs blessures et en prend soin comme un bon samaritain. Le salésien est aussi optimiste par nature, il sait regarder les jeunes avec un réalisme positif. Comme enseigne encore Don Bosco aujourd’hui, le salésien reconnait, en chacun d’eux, même le plus rebelle et hors contrôle, « ce point d’accès au bien » sur lequel travailler avec patience et confiance. Le salésien est, enfin, porteur de cette joie qui nait de la nouvelle que Jésus-Christ est ressuscité et elle est inclusive de toute condition humaine. Dieu, en effet, n’exclue personne. Pour nous aimer il ne nous demande pas d’être braves. Et il ne nous demande pas non plus la permission pour nous aimer. Il nous aime, il nous pardonne. Et si nous nous laissons surprendre avec cette simplicité de celui qui n’a rien à perdre, nous sentirons notre cœur inondé de joie. Quand ces caractéristiques viennent à manquer, voilà les figures tristes, les bouderies.
No ! Aux jeunes on doit apporter cette belle nouvelle, une nouvelle vraie contre toutes les nouvelles qui passent chaque jour sur les journaux ou en réseau. Le Christ est vraiment ressuscité, et pour le démontrer il y a eu Don Bosco et Mère Mazzarello, tous les saints et les bienheureux de la Famille Salésienne, comme aussi tous les membres qui, chaque jour, transfigurent la vie de celui qu’il rencontre, puisque, eux d’abord, se sont laissés rejoindre par la miséricorde de Dieu. Le salésien devient ainsi témoin de l’Evangile, la Bonne Nouvelle qui, dans sa simplicité, doit se confronter avec la culture complexe de chaque Pays. Mettre ensemble simplicité et complexité, pour un fils de Don Bosco, est une mission quotidienne.