République Démocratique du Congo – Denis Mukwege, l’homme qui « raccommode » les femmes

(ANS – Bukavu)  A l’occasion de la Journée Internationale pour l’élimination de la violence sur les femmes, qui sera célébrée le 25 novembre prochain, nous présentons la figure du médecin congolais. Denis Muwenge, Prix Nobel pour la paix 2018, qui dédie sa propre vie à soigner les victimes d’indicibles abus.

Né le 1er mars 1955 à Bukavu, au Sud Kivu, encore enfant il se rend compte des conditions d’infériorité objective où vivent les femmes. « Quand j’accompagnais mon papa à l’hôpital pour visiter les malades, je me rendais compte que les patientes recevaient des soins insuffisants et souvent elles mouraient après l’accouchement. Je me demandais ce que j’aurais pu faire pour elles ».

Après l’école, il étudia médecine et il se spécialisa en Gynécologie et Obstétrique. Il refusa le mirage d’une carrière académique et il rentra à Bukavu pour s’engager contre la violence sur les femmes. « La région orientale du Congo – explique-t-il – pourrait transformer le Pays en un des plus riches du monde.  Au contraire, depuis des décennies elle est marquée par de conflits et violences qui fauchent des victimes surtout les femmes et les enfants… Le corps des femmes est devenu un terrain de bataille et le viol une arme de guerre, qui ne viole pas seulement le physique de qui le subit, mais la psychologie et la cohésion de toute la communauté ». 

Dans la République Démocratique du Congo, au cours des 20 dernières années, ont été violentées et marquées pour la vie plus de 1.800.000 femmes : au cours des deux guerres civiles (1996-2003) et puis durant le conflit entre nord et Sud Kivu (2004-2009), et encore aujourd’hui, avec de razzias continuelles par les divers groupes armés.

« Pour convaincre les communautés à ne pas opposer résistance – continue Mukwege – les agresseurs s’en prennent aux femmes : ile les violent en publique, souvent devant le mari ou les enfants, et ils le torturent presque toujours avec des objets qui leurs provoquent de très graves lésions à l’appareil génital ».

En 1989, pour aider les femmes su Sud Kivu, Mukwenge réalise une petite maternité à Lemera, mais elle est vite détruite. Sans se décourager il en construit une autre à Bukavu, sa ville natale, mais elle aussi a une vie brève. Avec confiance et ténacité il réalise – toujours à Bukavu – le « Panzl Hospital » qui, depuis 1999 a hospitalisé et soigné plus de 50.000 femmes victimes de violences sexuelles.

« Elles sont comme un mouchoir déchiré : on doit prendre les fils et les nouer un à un ». Ainsi Mukwege décrit les conditions physiques et psychologiques des femmes qu’il soigne. Et il conclue : « Je ne sais pas combien de fois, les observant dans leur lit de douleur, j’ai perdu espoir et je me suis demandé : « Pourront-elles se reprendre ? Et chaque fois je découvre qu’elles se remettent sur pieds, non pas pour elles-mêmes, mais pour leur famille et pour leurs enfants. Je crois que nous, les hommes, nous ayons beaucoup à apprendre d’elles ».

InfoANS

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