La canonisation du « St Romero d’Amérique » comme on le vénère déjà depuis longtemps tout un continent, arrive après un parcours complexe. L’archevêque de San Salvador, qui dans ses homélies dénonçait la répression militaire et les violences des groupes révolutionnaires et défendait les pauvres et les opprimés, fut tué par un sicaire le 24 mars 1980, alors qu’il célébrait la messe. Dans son cas, cependant, on a longtemps débattu, dans le monde ecclésiastique, puisque tout le monde n’était convaincu que le sien fut un martyre : avait-il été tué en haine à la foi ou parce qu’il faisait de la politique ?
Dans les années successives, les hiérarchies de San Salvador ne furent pas très nettes pour prendre position. Le Pape Jean Paul II lui-même resta assez prudent même si, en 1983, durant sa visite au Salvador, s’est rendu sur sa tombe pour prier, donnant le signe d’avoir réellement compris la valeur du témoignage de Mgr Romero. Dans le cadre du Jubilée 2000, il fit insérer son nom dans la liste des « nouveaux martyrs ».
Le parcours vers la sainteté de Mgr Romero eut une première accélération avec le Pape Benoit XVI, qui le définit « un grand témoin de la foi ». Maintenant c’est le Pape François qui complète cette accélération. Déjà quand il était cardinal, il l’avait indiqué comme « un saint et un martyre » et maintenant, le premier Pape latino-américain de l’histoire, peut canoniser, après l’avoir béatifié, le premier archevêque martyr de l’Amérique.
L’inscription dans le registre des saints représente, aujourd’hui, la reconnaissance définitive de l’Eglise envers lui et sa manière de vivre la vie chrétienne.
Le cardinal Gregorio Rosa Chávez, son actuel successeur à San Salvador, le rappelle comme un « homme très timide, mais aussi perfectionniste qui avait indiqué, souvent, la conversion du cœur comme unique chemin pour la réconciliation du Pays ».
Mgr Romero, qui avait touché de la main la souffrance et qui avait perdu son ami, le P. Rutilio Grande, assassiné, choisit de se mettre du côté des opprimés et il n’a jamais été effrayé par les attaques et les menaces.
Aujourd’hui, la valeur humaine de Mgr Romero est reconnue partout. Il suffit de penser que l’ONU a proclamé le 24 mars, date de son martyre, Journée Internationale pour le droit à la vérité sur les graves violations des droits humains et pour la dignité des victimes.
