Pourquoi le Secteur de la Communication Sociale a-t-il publié cette Lettre « Marcher avec les jeunes dans la culture numérique ? »
Nous vivons une révolution dans le monde de la communication et plus rien ne sera plus comme avant. Nous, les Salésiens, nous sommes appelés à donner une réponse aux questions capitales que cet énorme changement suscite. La technologie évolue, mais les valeurs chrétiennes restent inchangées. La Lettre réitère ces valeurs qui sont pour nous un point de référence essentiel pour l'éducation des jeunes. Dans ce contexte en évolution, il est important pour nous d'interpréter la réalité numérique, à partir d'une perspective salésienne.
La Lettre est née d'une question : « Comment pouvons-nous vivre et transmettre Don Bosco et son charisme dans le monde numérique, sans perdre notre âme ? » Comment pouvons-nous le faire ?
Notre objectif est de toujours rester en phase avec notre temps. Avec les laïcs, nous voulons être des interprètes du monde contemporain : écouter les nouvelles générations ; accompagner les adolescents dans leurs univers sociaux ; trouver de nouveaux langages et de nouvelles méthodes pour les éduquer sur l'amour, le sens de la vie et la responsabilité personnelle et sociale, pour construire leur projet, à partir des valeurs de l'Évangile et du Système Préventif. C'est-à-dire communiquer et évangéliser. Communiquer et éduquer.
La Lettre déclare que nous devons veiller à ce que « l’espace en ligne soit non seulement sûr, mais aussi spirituellement porteur de vie ». Comment le faire ?
Pour nous, le digital n’est pas une tendance. C'est une occasion de communiquer avec les jeunes dans leur habitat. Dans cet environnement, les filles et les garçons apportent leurs rêves, leurs histoires, leurs défis et leur créativité. Pas seulement cela. Ils cherchent des réponses à des questions cruciales pour leur vie. C'est pourquoi il est essentiel d'établir un dialogue avec eux. Être reconnu comme un point de référence. Cela signifie comprendre leur langage, les accompagner dans leur parcours, leur indiquer des valeurs sans qu’ils se sentent jugés. Grâce à cet accompagnement, se développe un chemin partagé et porteur de vie.
Si nous voulons avoir un impact sur la vie des jeunes, nous devons former des apôtres et des missionnaires numériques. Pensez-vous que les Salésiens les ont suffisamment formés ?
Pour répondre à cette question, il faut considérer les recommandations de l’Église, qui a toujours relevé les grands défis du monde contemporain. En fait, elle nous invite à approfondir la dimension anthropologique et éthique du monde numérique. Le Document final du Synode des Évêques sur les Jeunes, « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel » affirme que « L’environnement digital représente pour l’Église un défi à de multiples niveaux ; il est donc indispensable d’approfondir la connaissance de ses dynamiques et sa portée du point de vue anthropologique et éthique » (n ° 145).
Récemment, le Document de la Première Session de la XVIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques affirmait que « nous ne pouvons pas évangéliser la culture numérique sans d’abord l’avoir comprise » (n. 17, d). Avec l'aide de théologiens et d'éducateurs, il est important d'approfondir et d'encourager les expériences que nous avons désormais acquises dans ce domaine.
L'éducation et l'évangélisation sont les deux piliers de la mission salésienne. Quels efforts la Congrégation déploie-t-elle pour évangéliser l’environnement numérique ?
La Congrégation Salésienne a créé un mouvement de communicateurs qui suivent en permanence l'évolution du numérique. Nous avons activé une réflexion interdisciplinaire, en utilisant l'expérience des chercheurs de nos universités. En outre, le secteur de la communication - avec ceux de la Pastorale des Jeunes, de la Formation, de la Mission et de l'Économie - a développé un programme complet de rencontres de formation et d'événements pour comprendre et gérer ce phénomène de manière intelligente et créative. Dans ce processus, les jeunes sont toujours les protagonistes, à travers les productions vidéo, le cinéma, la musique, la danse et toutes les formes d'art.
Le rapport du Synode affirme qu'il est important de créer des réseaux d'influenceurs qui incluent des personnes d'autres religions, ou même qui ne professent aucune foi, mais qui souhaitent collaborer sur des causes communes pour promouvoir la dignité humaine, la justice et le soin de la Maison commune. Qu'en pensez-vous ?
La mission de l'Église et de la Congrégation est l’évangélisation qui part de l'interculturalité. Il convient d'entretenir un dialogue vivant, dans le respect des différents points de vue. Travailler avec des personnes d'autres religions, ou éloignées d'une approche religieuse, est très important pour nous. Ensemble, nous pouvons faire développer le levain de la vie, de l’amour, de l’esprit de solidarité qui existe en chaque personne. On ne gagne pas seul. Nous sommes un vaste mouvement de personnes qui agissent dans différentes cultures et continents, au service des jeunes, en particulier des plus pauvres. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons prendre soin de la Maison Commune et construire la paix. En tant que communicateurs, nous sommes toujours des éducateurs des jeunes.
Vous avez dit que si Don Bosco avait été ici aujourd'hui, il aurait été un explorateur numérique et se serait immédiatement consacré aux médias numériques pour communiquer et toucher les jeunes. Qu'aurait-il fait ?
Don Bosco a affirmé que les Salésiens doivent « marcher au pas avec le temps, » « aimer les choses que les jeunes aiment. » Cela signifie être là où sont les jeunes, rester à leurs côtés. Don Bosco était à l'avant-garde et j'imagine qu'il aimerait l'être même aujourd'hui. Il n’aurait pas une attitude de rejet envers le numérique, mais d’écoute des demandes, des opportunités et des dangers qui s’y présentent.
Comment préparer les Salésiens à affronter l’avenir numérique ?
Aujourd’hui, nous sommes plongés dans la révolution du numérique et de l’Intelligence Artificielle. Dans un contexte de changement, il est toujours important de partir de notre identité de Salésiens consacrés aux jeunes. Le thème du 29e Chapitre Général est « Passionnés par Jésus-Christ, consacrés aux jeunes. Pour un vécu fidèle et prophétique de notre vocation salésienne. » Nous devons être fidèles à notre vocation et témoigner de notre amour pour le Christ et pour les jeunes les plus pauvres.
Nous devons garantir une compétence éducative et technologique pour garder une vie émotionnelle et spirituelle saine. En outre, il est important de cultiver un esprit critique envers le numérique, pour comprendre ses mécanismes et ses jeux de pouvoir. Notre mission est d'humaniser le numérique, en partant des valeurs de l'Évangile, en veillant toujours à ce que les jeunes soient les protagonistes de ce processus et n'y soient pas soumis.
Malgré toutes les innovations technologiques, quelle est l’importance de la communion fraternelle dans la communication ?
Dans la Lettre sur le numérique, il a été souligné que la base de la communication chrétienne se trouve dans l'Évangile. Communiquer à partir de l’Évangile, c’est affirmer les valeurs de fraternité, de miséricorde, de compassion, de charité et de solidarité envers les plus pauvres. Même dans la communication numérique, notre message s'enracine dans les expériences que nous vivons chaque jour à travers nos œuvres, qui sont au service des autres.
En conclusion, reprenant une question posée au début de la Lettre : comment continuer à être des communicateurs, fidèles à Don Bosco et à son charisme, dans un monde en mutation ?
À mon avis, il est important pour nous de continuer à vivre et à témoigner du charisme salésien au niveau mondial. Les jeunes sont le grand don que Dieu nous offre. Être parmi eux, les écouter, marcher à leurs côtés, comme nous l'a enseigné Don Bosco, est la meilleure façon de ne pas perdre le contact avec eux. Don Bosco a toujours déclaré qu'il y a toujours un projet pour chacun de nous : vivre avec joie et générosité la vie que Dieu nous a donnée. C'est le cœur de la vraie communication !