France – Éduquer à la fraternité
Spécial

23 mars 2017

(ANS – Lyon) – « Former d’honnêtes citoyens », tel fut l’un des objectifs majeurs de Don Bosco. Son vocable républicain surprend quand on sait qu’au XIXème siècle en Italie, Eglise et République ne faisaient pas bon ménage. Eduquer à la citoyenneté, pour Jean Bosco, c’est essentiellement promouvoir la fraternité.

par le père Jean-Marie Petitclerc, SDB

J'entends très souvent : « Etre frère avec les gens de ma résidence, bien sûr. Mais être frère avec les jeunes qui habitent ces cités de l’autre côté du périphérique, très peu pour moi ! » Or la fraternité est la clé des trois valeurs républicaines. Car la liberté, hors du cadre de la fraternité, peut virer à la volonté de toute-puissance, et l’égalité, à l’instauration d’une idéologie égalitaire. Pour le chrétien, croire en un Dieu Père signifie considérer l’autre comme un frère.

J’aime dire aux jeunes : Imaginez-vous un groupe d’amis où chacun aurait les mêmes options politiques, les mêmes convictions religieuses, partagerait les mêmes goûts littéraires, musicaux... Eh bien, tout le monde s’ennuierait profondément. Ce qui va mettre du piment dans la vie du groupe, c’est lorsqu’un tel fera découvrir à l’autre un livre, un film, un disque que jamais il n’aurait acheté lui-même. Mais pour que la différence enrichisse, encore faut-il faire l’effort de connaître l’autre pour vaincre la peur. Eduquer à la fraternité selon Don Bosco, c’est développer l’attention à celui qui est en difficulté. N’oublions pas que l’on mesure la force d’une chaîne à la résistance du maillon le plus faible.

Je préfère la valeur respect à celle de tolérance. Respecter l’autre, c’est parfois savoir se montrer intolérant vis-à-vis des actes. Il en est qui construisent l’homme, d’autres qui le détruisent. Il en est qui tissent le lien social, d’autres qui le ruinent. On ne peut éduquer dans la tolérance, mais dans les repères. Et c’est ma manière, pour moi éducateur, de respecter les jeunes que de me montrer intolérant vis-à-vis de certains de leurs actes.

Un espace de fraternité n’est pas un espace sans conflit. L’important, c’est d’apprendre à les gérer dans le respect de l’autre. Car, n’oublions pas que la manière naturelle de régler un conflit, c’est la violence. « A est en conflit avec B. Je supprime B. Il n’y a plus de conflit ! » Gérer le conflit dans le respect de chaque participant, cela s’apprend. Et Jean Bosco fut, dans les institutions éducatives qu’il a fondées, un formidable apôtre de la médiation.

Enfin, promouvoir la fraternité à la manière de Don Bosco, c’est apporter la nourriture spirituelle indispensable à son développement. Vous connaissez sans doute ce conte indien, où un vieil apache enseigne son petit-fils, lui disant : « Tu sais, dans ton cœur, comme dans le cœur de tout homme, se battent deux loups : l’un gris, agressif, prêt à bondir sur l’autre ; l’autre blanc, calme, attachant, prêt à accueillir l’autre. » Et l’enfant de demander : « Grand Père, quel est celui qui va gagner ? » Et le vieil apache de répondre : « Celui que tu nourris, mon enfant. » 

InfoANS

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